Cathy Gauthier : Révérende irrévérencieuse
Scène

Cathy Gauthier : Révérende irrévérencieuse

Parmi toutes les avenues qui s’offraient à elle, Cathy Gauthier n’a pas choisi le chemin le plus facile. À cette époque où l’humour a la vie dure, une femme de l’Abitibi se lance dans le milieu sans accepter de compromis. Pour spectateurs avertis.

Depuis sa sortie de l’École nationale de l’humour en 1999, Cathy Gauthier a donné un nouveau visage à l’humour. Dès le premier contact, elle y va de quelques avertissements: "Ça prend des gens ouverts d’esprit. J’aborde des sujets dans ce spectacle-là qui sont peut-être encore une chasse gardée pour les hommes. C’est sûr que mon spectacle est vraiment près de moi, dans le sens où c’est pour les gens de ma génération."

Celle qui – entre nous – a plutôt l’image d’un ange collectionne pourtant des qualificatifs qui en feraient rougir plus d’un; on la dit crue, mordante, irrévérencieuse, audacieuse, choquante, osée, dérangeante… Un contraste qui fait déjà sourire en lui-même. "C’est sûr que l’anti-casting est intéressant. J’arrive sur scène, toute petite – je mesure cinq pieds -, blonde, j’ai l’air tellement inoffensive… Sauf qu’il s’agit que j’ouvre la bouche pour que les gens comprennent qu’il se passe quelque chose. L’effet de surprise, en humour, c’est vraiment très important. En partant, j’ai la chance d’avoir un physique qui ne cadre pas du tout avec ce que je dis."

Si elle s’exprime avec audace, chaque mot est pesé. Le spectacle qu’elle a écrit, dont François Avard a fait la sélection des textes, propose différents sujets sans lien factuel. "Ce ne sont pas vraiment des numéros, plutôt des gags cousins que j’ai mis un à la suite de l’autre. Mes gags sont tous des one-liners, même si ça forme un tout cohérent." Surtout, elle n’accepte de faire aucun compromis: la jeune humoriste se livre corps et âme dans un rapport osé à une langue vivante, s’attaquant sans vergogne aux tabous les plus dérangeants. "J’essaie d’être la plus vraie possible. En étant authentique, les gens s’associent à moi. Les gens voient peut-être en moi comme une petite soeur… Une petite soeur dérangeante."

C’est probablement cette image qui a charmé Dominique Michel, qui n’a pas hésité à vanter sa jeune protégée dès qu’elle en a eu l’occasion. "Elle m’a vraiment beaucoup aidée, raconte Cathy Gauthier. Elle m’a coachée, a été mon véhicule publicitaire. Elle m’a encouragée à aller un peu plus loin pour certains numéros. Ce qu’elle a fait, c’est plutôt la mise en scène – même s’il n’y a pas vraiment de mise en scène, de décor… C’est vraiment moi qui suis toute nue sur la scène (rires). Eh non, je garde mon linge. Je voulais plutôt dire que je me mets à nu sur scène."

ET LA VACHE DANS TOUT ÇA…

Cathy Gauthier ne verse pas dans l’humour politique. Il n’y a aucun rapprochement à faire entre l’intitulé de son spectacle (100 % vache folle) et les ravages de l’encéphalite spongiforme bovine: "Ça n’a rien à voir avec ces histoires-là. J’ai choisi le titre parce que c’était dans l’actualité. J’ai tout de suite vu le poster… Je me suis vue dans un champ de vaches, de façon à ce qu’on puisse facilement identifier qui était la vache folle dans la gang… Je trouve que ça donne un peu le ton de mon spectacle aussi. Ça ne me tentait pas d’avoir un spectacle juste éponyme avec ma face sur le poster, quelque chose qui passe dans le beurre et qu’on a vu cinquante mille fois. Je voulais quelque chose qui fesse, accrocheur à l’oreille, mais aussi visuellement."

Le 28 février à 20h
À la Salle Maurice-O’Bready
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