Everybody’s Welles pour tous : Présence invisible
Everybody’s Welles pour tous a fait ses preuves depuis sa création. Soixante-quinze représentations plus tard, elle sillonne encore le Québec. Patrice Dubois, dramaturge et comédien, se dit heureux de revenir chez lui pour présenter son travail.
Le projet est issu de la rencontre entre un comédien, Patrice Dubois, féru de l’oeuvre d’Orson Welles, et un éclairagiste, Martin Labrecque, intéressé plutôt par la façon dont le célèbre réalisateur jetait un éclairage si particulier sur ses univers créatifs. C’est de la réunion de ces deux passions qu’est née la pièce Everybody’s Welles pour tous. Dubois circonscrit le rôle de chacun: "Disons que les mots sont de moi, et la lumière est de Martin. Comme la lumière dit parfois ce que les mots ne disent pas, on a écrit la pièce ensemble."
Animés par le désir de faire de leur oeuvre une pièce très documentée, c’est toute l’histoire d’une vie que les deux collaborateurs ont dû effeuiller, son oeuvre prolifique, mais aussi toutes les inspirations de Welles – Don Quichotte, Le Procès, La Guerre des mondes, le tout Shakespeare… Un an à s’abreuver directement à la source pour acquérir cette maîtrise nécessaire à l’écriture de la pièce, qui aura ensuite demandé deux ans et demi de dur labeur rédactionnel. "On ne savait pas à quel point c’était un homme important pour le théâtre et pour la radio quand on a commencé. Welles était un homme seul, une figure emblématique, un grand solitaire. Toujours entouré mais toujours seul."
Depuis sa création en 2003, le spectacle a eu un parcours remarquable. Récipiendaire de deux Masques en 2004 (production "Montréal" et conception sonore), il a été joué en français et en anglais, et sera bientôt présenté dans la grande salle de l’Espace Go, ce que Dubois envisage comme une consécration.
Quelques documents audio puisés dans les archives appuient la mise en scène – dont des extraits de l’incontournable adaptation de La Guerre des mondes de H.G. Wells narrée par Orson Welles sur les ondes de CBS le 30 octobre 1938, alors qu’il avait convaincu un million d’Américains que des martiens belliqueux avaient envahi la planète.
Malgré tout le travail cinématographique de Welles, aucune projection vidéo ne sera faite pendant le spectacle: "Pendant qu’on écrivait, on a fait plein d’essais de projection d’extraits de films… Finalement, on en est venus à se dire que ce serait bien plus intéressant qu’on reste au théâtre", explique Dubois.
POUR TOUS ET PARTOUT
Malgré le fait que Welles ait surtout eu des succès critiques, en particulier au début de sa carrière de réalisateur, Dubois soutient qu’il a toujours cherché à rejoindre le plus large public possible: "Dans sa démarche, ça a toujours été une préoccupation de rejoindre le plus grand nombre. Ça a été la nôtre aussi quand on a créé le spectacle. On ne voulait vraiment pas faire un spectacle qui s’adresse à des érudits." Il ne serait donc nullement nécessaire d’avoir une connaissance très étoffée de la vie de l’homme pour savourer pleinement le spectacle qui, au contraire, serait une belle façon de le découvrir.
"C’est hallucinant comment il est plus proche de nous qu’on le pense. Parfois on en a entendu parler mais on ne sait peut-être pas que c’est lui. Il a inventé beaucoup de plans de caméra qu’on voit dans les films. Même en télévision… Plusieurs journalistes aujourd’hui utilisent le plan qu’il a inventé. On ne le sait pas, il est là, il est comme une présence invisible…"
Le 23 février
À la salle Pierrette-Gaudreault
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À voir si vous aimez l’oeuvre d’Orson Welles.