L'amour est un opéra muet : Musique de chambre
Scène

L’amour est un opéra muet : Musique de chambre

L’amour est un opéra muet, une relecture guillerette mais inoffensive du Cosi fan tutte de Mozart.

Imaginé avec la complicité de Normand Forget, tête dirigeante du quintette à vent Pentaèdre, le nouveau spectacle de Jean Asselin trouve son origine dans le célèbre Cosi fan tutte de Mozart. Malheureusement, L’amour est un opéra muet n’arrive pas à la cheville de l’oeuvre qui l’a inspiré. Comment ne pas s’étonner de ce que sont devenus Ferrando, Guglielmo, Fiordiligi et Dorabella, les personnages que Mozart et da Ponte, son librettiste, ont créés avec fièvre il y a plus de deux siècles?

Du mystérieux alliage de bouffonnerie et de gravité dont l’opéra est constitué, le spectacle d’Omnibus ne restitue que la part lumineuse. Et comme la lumière n’a de raison d’être que si elle s’oppose à l’obscurité, le spectateur sort de la salle avec le sourire aux lèvres, ce qui est déjà quelque chose, mais avec bien peu de matière à ruminer. Pourtant, Jean Asselin fait des efforts considérables pour guider les quatre protagonistes de son histoire vers la désillusion. Si on comprend très tôt que les tendres créatures seront perverties par les cinq musiciens, par leur cupidité, leur drogue et leur lubricité, tout ça ne passe pas la rampe un seul instant. Dramatiser la musique, voilà le rôle que les corps de Sylvie Chartrand, Mariane Lamarre, Christian LeBlanc et Martin Vaillancourt, au demeurant forts, vifs et précis, sont chargés d’accomplir. Les jeunes mimes ont pour mandat de transformer les 24 extraits musicaux du spectacle en autant de fragments de discours amoureux et sexuels. Une entreprise qui, aussi noble soit-elle, est très vite redondante. Chaque fois que Jean Asselin s’avance, dans les habits d’un valet, pour révéler, carton à la main, le thème du fragment mimé qui va suivre, on a l’impression d’assister à un interminable match d’improvisation.

Heureusement, il y a la musique enchanteresse de Mozart, dont l’enregistrement vient tout juste de paraître chez Atma Classique, l’étonnante adaptation pour quintette à vent d’Ulf-Guido Schäfer et la grande générosité des musiciens: Danièle Bourget, Martin Carpentier, Normand Forget, Mathieu Lussier et Louis-Philippe Marsolais. En plus d’être rigoureux et expressifs, les membres de Pentaèdre n’ont pas peur de se compromettre. Leur conviction s’entend et se voit.