Les 7 doigts de la main : Empreintes digitales
Scène

Les 7 doigts de la main : Empreintes digitales

Les 7 doigts de la main reviennent en force avec Traces, révélant une nouvelle mouture d’acrobates pétillants de jeunesse, proposant ni plus ni moins qu’une menotte "nouvelle génération"…

Ils nous en avaient mis plein la vue avec leur premier spectacle éponyme (rebaptisé Loft depuis) présenté au Centre national des Arts en 2005. Les 7 doigts de la main nous faisaient alors découvrir les arts du cirque différemment, dans leur approche moderne, démocratique et sensuelle. Et ils ont depuis parcouru une quinzaine de pays avec cette création de cirque théâtral qui partout reçoit un accueil retentissant.

Deux "doigts" se sont toutefois détachés de la main de Loft il y a deux ans pour répondre à un autre mandat que s’était fixé le collectif au départ, celui de la direction artistique. Il s’agit de Gypsy Snider et de Shana Carroll, qui ont endossé la mise en scène et les chorégraphies de Traces. Toutes deux enfants de la balle, c’est dans une école de cirque de San Francisco appartenant aux parents de Gypsy qu’elles firent connaissance et c’est là aussi qu’elles rencontrèrent quatre des cinq nouveaux doigts: Brad Henderson, Will Underwood ainsi que les frères Raphaël et Francisco Cruz. "Au début, c’était des jeunes qui cherchaient une activité. À l’époque, il y avait un maître chinois en acrobatie, Lu Yi, qui est venu enseigner. Une relation très intime quoique rigoureuse s’est installée entre eux. Les gars se sont tellement investis, ils se sont entraînés comme des enfants chinois. Ils étaient tellement méthodiques et calmes et ont travaillé tellement fort!" s’exclame Gypsy Snider, louant ses protégés.

Convaincues de leur talent indéniable, elles les persuadent de tenter leur chance à l’École nationale de cirque de Montréal… Les gars auditionnent alors et font le pacte de s’inscrire à la seule condition qu’ils soient tous acceptés. Et ils le seront tous, bien entendu.

C’est donc entre les murs de l’École qu’ils feront la rencontre de l’acrobate française Héloïse Bourgeois, qui complétera la main, formant une équipe soudée, d’un naturel ahurissant. "Le cirque est un art particulier, nomade, marginal, gitan…" note Gypsy Snider au bout du fil. "Mais ces jeunes, quand tu les rencontres, ils sont comme n’importe quels gars ou filles de 20 ans. Pourtant, ils ont des talents extraordinaires, mais ils ne sont pas du genre à s’exprimer avec la couleur de leurs cheveux ou en étant rebelles, ils sont très simples. Ils ont une approche différente quant à l’art, et le cirque fait presque partie de leur génétique."

LAISSER SA TRACE…

La belle équipe de saltimbanques a décidé de camper Traces dans une ambiance préapocalyptique où cinq jeunes se sont créé un abri, à leur image. Un lieu où le temps s’égraine et où ils le comblent en musique, en danse, en acrobaties et en expressions de toutes sortes. "L’idée du spectacle est de laisser notre trace, d’être créatif quand on sent la fin arriver et qu’on ne sait pas quelle forme elle aura… Ça vient beaucoup de leur esprit à eux [les cinq nouveaux doigts]. Ils ont grandi dans un monde aux prises avec les peurs, les violences, la pauvreté, le réchauffement de la planète… Alors de les voir, eux, qui ont quand même envie de grandir, d’apprendre, d’être créatifs, ça a beaucoup porté le spectacle", atteste-t-elle.

Et dans la mentalité des 7 doigts, pas question d’imposer quoi que ce soit! Les cinq membres ont tous créé des numéros, écrit des textes, travaillé sur le concept afin qu’il soit le plus près d’eux possible, "de leur essence". Ainsi, le rythme prend la cadence hip-hop, un ballon de basket devient partenaire de danse et le skateboard se pratique sur un air de comédie musicale des années 30…

"On ne va pas prétendre être des danseurs ou des acteurs, on est des artistes de cirque. Mais on se permet de s’exprimer de toutes les façons possibles", tranche Gypsy, qui se trouvait au moment de l’entrevue en pleine répétition à l’école du cirque de Verdun avec ses petits oisillons, à retravailler les numéros et les textes pour les réactualiser, pour que la troupe soit fin prête pour investir Ottawa. "Le spectacle est constamment en changement. Avec les 7 doigts, il n’y a jamais rien de coulé dans le béton, on apprend tout le temps!" conclut-elle.

L’équipe de Loft – dont deux membres viennent de remporter une médaille d’or pour un numéro de main à main au Festival mondial du cirque de demain de Paris – sera quant à elle de retour à Ottawa en mai, se produisant dans le cadre de Scène Québec.

Du 27 février au 3 mars à 19h30
(supplémentaire le 3 mars à 14h)
Au Théâtre du CNA
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COMETE FEMININE

Héloïse Bourgeois, l’auriculaire féminine de Traces, se spécialise dans le main à main, l’équilibre sur main, le trampoline et la danse. Elle transmet ici quelques impressions sur Traces
"Le spectacle aborde le fait qu’on va tous mourir un jour et la façon dont on voudrait vivre ses derniers instants, ses dernières volontés. On se met un peu dans cette situation et on raconte un peu nos vies dans Traces. On parle du temps, de nos souvenirs, des choses que l’on a vécues les uns avec les autres…"
"Traces se situe dans notre coin de rue, notre terrain de jeu. Le petit coin où on fait du skate, où on joue au basket; notre abri où on a nos choses pour jouer, pour se stimuler, pour se remémorer. Je me vois très bien quand j’avais 14 ans à traîner, à refaire ma vie sur le muret de l’école…"
"Entre nous, on est comme un groupe d’amis, un groupe d’animaux qui sont toujours ensemble à se soutenir, à s’entraider, à s’emmerder (sourire). D’un autre côté, on a aussi une énergie très explosive, très dynamique, très électrique ensemble."