Vincent Mantsoe : Médecine naturelle
Scène

Vincent Mantsoe : Médecine naturelle

Le Sud-Africain Vincent Mantsoe allume le Festival Montréal en lumière des feux d’une spiritualité universelle qui prône la fraternité au-delà des cultures. Après nous avoir éblouis en solo, il nous revient avec une pièce de groupe.

En 1999, il avait littéralement envoûté le public du FIND par une présence d’une intensité remarquable et une gestuelle unique mariant danses traditionnelles africaines, aborigènes, asiatiques, contemporaine et ballet. Quel que soit le lieu où il se produit sur la planète, on s’émerveille de la dimension sacrée de ses oeuvres et de la transcendance de l’expérience qu’elles font vivre au public.

Il faut dire que Vincent Mantsoe n’est pas un danseur et chorégraphe tout à fait comme les autres. "Je viens d’une famille de chamans", raconte l’artiste de 36 ans qui a grandi à Soweto, la banlieue noire de Johannesburg, avant d’aller suivre une formation en danse au centre-ville. "L’une des façons d’être chaman consiste à rester chez soi et à traiter les gens par la médecine traditionnelle. Moi, j’ai été autorisé à utiliser des outils différents: les mouvements et l’énergie des esprits des Ancêtres. Mes spectacles peuvent donc être vus comme des sortes de cérémonies. Pour moi, c’est une façon de transmettre une mémoire, de dire "voilà ce que je suis et d’où je viens", de parler de ceux qui m’ont précédé mais aussi de ceux qui viendront après moi."

Qu’on ne s’y méprenne pas: ce sorcier-là ne vient pas pour guérir. Même s’il demande la permission aux Ancêtres d’amener sur scène certains gestes sacrés, la seule médecine qu’il nous propose est celle de l’ouverture du coeur et de la reconnaissance du prochain comme un autre soi-même. "C’est quelque chose de très important pour moi, dit-il. Parce qu’on s’attache souvent à des choses matérielles quand on regarde les gens, et plus spécifiquement à la couleur de la peau. Mais ce qui importe au fond, c’est l’âme humaine, l’esprit de l’espèce humaine que nous partageons. Ce que nous avons en commun, c’est l’esprit de la vie." Ainsi, la pièce Men-Jaro regroupe deux danseurs français, un japonais et un sud-africain autour de Vincent Mantsoe, ainsi que cinq musiciens de son pays qui interprètent des mélodies particulières grâce à des instruments traditionnels africains aujourd’hui délaissés.

"Men, c’est pour le genre humain, explique le chorégraphe. Jaro, ça signifie "ami" en argot des banlieues. La pièce parle d’amitié, de la façon dont on prend soin les uns les autres, et de comment on se sent et on se comporte comme individu au sein d’un groupe… C’est intéressant de voir comment chaque culture interprète mes mouvements et quelles relations s’établissent entre les personnes sur scène." Parmi celles-ci se trouve l’interprète Cécile Maubert-Mantsoe, épouse de l’artiste aujourd’hui établi près de Vichy, en France.

"Pour des danseurs contemporains européens, c’est difficile de rentrer dans la danse de Vincent parce qu’il s’attache à l’instinctif et à l’énergie plutôt qu’à la forme, commente la jeune maman. Avec lui, il faut vraiment capter la globalité du mouvement et voir ensuite comment se l’approprier avec notre propre physicalité. Cet engagement physique et l’enracinement dans le rapport au sol m’apportent une grande liberté et une grande jouissance de la danse." Une belle invitation à partager ce plaisir pour célébrer le Mois de l’histoire des Noirs.

Les 27 et 28 février
Au théâtre Maisonneuve de la Place des Arts
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