Reynald Robinson : Le déserteur
Scène

Reynald Robinson : Le déserteur

Reynald Robinson met en scène Le Diable en partage, une pièce de Fabrice Melquiot, un jeune auteur français monté pour la première fois en sol québécois.

Après une adaptation théâtrale du Songe de l’oncle de Dostoïevski, présentée à la Salle Fred-Barry en janvier 2006, Du Bunker, un collectif d’acteurs diplômés du Conservatoire d’art dramatique de Montréal, reprend ces jours-ci un autre de ses exercices scolaires: Le Diable en partage, une pièce de Fabrice Melquiot mise en scène par Reynald Robinson.

Fabrice Melquiot est la nouvelle coqueluche du milieu théâtral français. À trente et quelques années, il a déjà publié plus d’une vingtaine de pièces chez l’Arche Éditeur, dont une dizaine destinées au jeune public. Auteur associé à La Comédie de Reims depuis 2002, son théâtre est joué et traduit à travers le monde. Du point de vue de Reynald Robinson, qui est le premier à monter Melquiot au Québec, les textes de l’auteur ont tout pour plaire: "Son écriture est incarnée, accessible, exaltante, truffée d’images vibrantes. Il est pour ainsi dire en rupture avec certaines écritures contemporaines plus hermétiques, voire élitistes. Melquiot se préoccupe beaucoup du public, il n’a pas peur de dire qu’il écrit un théâtre populaire."

En 1990, au moment où la Bosnie s’embrase, Lorko aime Elma. Il est serbe, elle est musulmane. Forcé de s’engager dans l’armée, le jeune homme réalise vite qu’il est incapable de tirer sur quiconque. C’est alors qu’il déserte, laissant derrière lui son pays, ses parents, son meilleur ami et… celle qu’il aime. Durant son absence, ses proches sont peu à peu gagnés par la guerre, la haine et le ressentiment. Lorsque Lorko revient chez lui, il sait que le diable se cache en chacun et que seul l’amour peut reconstruire.

La pièce oscille magnifiquement entre le réel et le rêve, elle offre de l’espoir, même dans les moments les plus atroces. Ainsi, sur scène, trois créatures angéliques et aussi purement théâtrales veillent sur les protagonistes, leur servent de guides. Selon Reynald Robinson, la pièce transcende la guerre pour questionner avec beaucoup habileté l’humanité du bourreau: "Si cette histoire d’amour se déroule en pleine guerre civile, c’est pour mieux révéler le fonctionnement de l’être humain. Quand il faut protéger les siens, les beaux principes sont rudement mis à l’épreuve. Chez l’homme, la guerre révèle l’animal, une violence qui est toute proche, qui ne demande qu’à surgir."

Depuis sa création entre les murs de la Cinquième salle de la Place des Arts, en 2005, le spectacle, déjà très achevé, s’est, d’après le metteur en scène, bonifié. Robinson parle d’approfondissement et de clarification, des améliorations dues au recul que les membres de la troupe ont pu prendre. Pour apprécier le travail accompli par les comédiens – Francesca Bárcenas, François Bernier, Charles-Olivier Bleau, Anne-Valérie Bouchard, Evelyne Brochu, Monia Chokri, Catherine De Léan, Hubert Lemire, Frédéric Paquet et Véronique Pascal – et pour rencontrer le public, le dramaturge Fabrice Melquiot est actuellement à Montréal.

Jusqu’au 24 mars
À Espace Libre
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