2191 nuits : Chassé-croisé
Scène

2191 nuits : Chassé-croisé

2191 nuits souffre de la rencontre d’un imposant dispositif technologique et d’un texte maladroit.

Créée à Montréal en 2005, 2191 nuits a été retravaillée de fond en comble. La nouvelle version fait faux bond aux ambiguïtés narratives qu’on lui reprochait; les tableaux s’enchaînent avec justesse et exposent une interrogation sur l’évolution de la science médicale, la mort et la survie. À coups de flash-back, la pièce, mise en scène par Daniel Meilleur, raconte le deuil de Math Mansön qui, à la suite d’un crash d’avion, a perdu sa femme et son enfant. Bien que rescapé, Mansön tombe dans un coma de 2191 nuits. À son réveil, il réalise le prix à payer pour être resté en vie. Il s’aperçoit que si la science a permis de le sauver, elle ne peut cependant lui garantir le bonheur.

Malgré certaines finesses littéraires, le texte de Philippe Ducros est pesant de métaphores. Effet papillon d’un texte édenté, l’interprétation des acteurs est inégale. Plusieurs dialogues, notamment entre le jeune Math (Martin Vachon) et Emma (Lyne Rodier), semblent trop calculés. Le jeune couple n’arrive pas à convaincre de son amour passionné. En revanche, c’est lors de ses monologues que la performance de Vachon est la plus juste et touchante. Quant à Michel Mongeau, il assure avec rigueur le personnage de Math Mansön âgé. En tant que narrateur, il est maître de la situation et prend plaisir à faire visiter les tréfonds de son personnage.

L’effigie de 2191 nuits est sans conteste son exploration du multimédia. La conception visuelle d’Yves Dubé est particulièrement recherchée. Des personnages, présentés en images vidéo sur un énorme rideau blanc, interagissent avec ceux présents sur les planches. Filmées directement sur scène ou dans les coulisses, les projections vidéo sont intéressantes dans la mesure où elles abolissent les limites de la scène. Aussi virtuose soit-elle, la charge visuelle qui façonne 2191 nuits gagnerait cependant à être allégée. Contrairement à l’environnement sonore (Michel Robidoux), judicieusement équilibré, les projections vidéo à outrance deviennent vite des fioritures.

Jusqu’au 17 mars
Au Théâtre d’Aujourd’hui
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