Dominique Porte et Alain Francoeur : 1 + 1 = 3 et plus
Scène

Dominique Porte et Alain Francoeur : 1 + 1 = 3 et plus

Dominique Porte et Alain Francoeur s’unissent pour présenter une adaptation des plus inédites de l’opéra Le Château de Barbe-Bleue. Un événement dans la saison de danse et dans leurs parcours respectifs.

Dans le livret écrit par le poète hongrois Béla Balázs, l’histoire de Barbe-Bleue se déroule en un acte et Judith utilise les sept clés en présence de son mari. La partition de Béla Bartók porte toute l’action et la charge émotive qui en découle, traduisant chacun des sept univers révélés par un paysage sonore particulier. Ce sont ces archétypes de la psyché humaine que les chorégraphes Alain Francoeur et Dominique Porte ont choisi d’incarner dans Un homme et une femme. Une oeuvre dansée tout en humeurs et en subtilités, aux antipodes de la narrativité.

"On a créé des systèmes pour la façon de bouger qui sont très placés avec la musique et dans l’espace, commente celle qui travaille depuis longtemps en étroite relation avec la musique. On répond mentalement et physiquement à des consignes précises sans qu’il y ait quasiment de phrasé chorégraphique." "C’est non linéaire, ça bouge, c’est vivant, ajoute l’artiste multidisciplinaire Alain Francoeur. On marche sur une corde raide parce que c’est une oeuvre qu’on alimente constamment. Et c’est très particulier parce que c’est quelque chose qui nous appartient, ne nous appartient pas et qui nous dirige en même temps."

S’attaquer à une oeuvre aussi symboliste et symbolique pour explorer la création et l’interprétation à deux est un défi de taille que les artistes ont relevé grâce à une forme de lâcher prise. "L’opéra est une troisième personne, affirme Dominique Porte. Comme les personnages de Barbe-Bleue sont pris dans le château, on a été pris avec l’oeuvre dans un univers sombre, noir, où on voulait avoir notre place l’un vis-à-vis de l’autre mais aussi par rapport à l’oeuvre. Ça a créé des tensions, mais ça a conduit à une compréhension commune." "Les périodes d’exploration ont très sereines, mais il y a eu plus de confrontations quand il a fallu concrétiser, confie Alain Francoeur. Et dès lors qu’on a trouvé un terrain d’entente sur la forme, c’est comme si c’était devenu quelque chose d’extérieur à nous et ça a été plus facile de fonctionner parce qu’on devait répondre à la forme."

Une rencontre entre deux artistes, un opéra-personnage, une oeuvre médiatrice entre ses créateurs-interprètes, une scénographie épurée et une gestuelle minimaliste traduisant des états d’âme et d’être… Cette pièce semble apte à nous toucher profondément. Et pour qu’elle ne soit pas aride pour un public non averti, une bonne façon de l’appréhender serait de s’offrir une écoute préalable de l’opéra afin de mieux vibrer avec les interprètes.

À voir si vous aimez
Les dimanches soir au Gotha Lounge: jazz live, martini et feu de foyer.