Georges-Nicolas Tremblay : Le Phénix
Scène

Georges-Nicolas Tremblay : Le Phénix

Avec Résilience.2 – fragments, Georges-Nicolas Tremblay propose, à l’emporte-pièce, des parcelles d’intensité traduites par le mouvement et la danse.

Subir la perte d’un être cher. L’arrachement d’un ami. D’un parent. D’un enfant peut-être. Survivre malgré tout. Être déchiré par une rupture, se sentir du coup totalement brisé, et pourtant se refaire, comme le phénix renaissant de ses cendres…

C’est cette époustouflante capacité de résilience, permettant à l’individu de se maintenir en vie malgré même les pires souffrances, qui inspire Georges-Nicolas Tremblay depuis quelques années.

Après avoir épluché des ouvrages théoriques sur le concept de résilience – ce mécanisme de défense enclenché par l’esprit en situation de stress ou d’angoisse -, Tremblay a cherché à voir comment celui-ci pouvait s’incarner dans le mouvement: "J’avais besoin d’aller au bout de quelque chose, au bout de ma façon de bouger… J’avais besoin d’observer, de délirer en studio…" Chaque mouvement est donc né de l’instinct, émergeant lors de séances d’improvisation gestuelle, puis a été retravaillé sur la base d’un seul critère: l’émotion. Parce que c’est d’abord cette émotion qui est au coeur du propos de l’artiste. "Je me demandais ce que ça me faisait ressentir", admet-il, pensif. "Je me suis dit: "Faisons vivre ces émotions, l’une à la suite de l’autre. Est-ce que le spectateur va pouvoir embarquer dans ce filon d’émotions?"" Et c’est à force de remises en question qu’il a construit peu à peu le spectacle solo qu’il nous présente cette semaine à la salle Pierrette-Gaudreault.

C’est donc sous la forme d’un work in progress qu’a évolué le projet Résilience, qui, s’il n’a pas encore trouvé sa forme finale, prend tout de même une allure qui satisfait Tremblay, surtout avec l’apport important des éclairages d’Alexandre Nadeau et la musique écrite pour l’occasion par Cédric Soucy.

Admettant flirter avec la poésie depuis sa jeune adolescence, et ne reniant pas son parcours théâtral, Tremblay ne pouvait qu’être stimulé par l’idée d’entrelacer ses passions dans ce projet. Il fait donc une certaine place au texte et à la poésie dans son spectacle: "Il y a une sorte de musique dans le texte. J’aime jouer avec la musicalité des mots, les sons…" Il désire ainsi orienter le spectateur sans toutefois dicter une vérité de l’oeuvre, objectif que Dario Larouche, en tant que conseiller dramaturgique, l’aidera à atteindre. De cette façon, le geste ne servira pas à illustrer le texte, mais il s’harmonisera avec lui, comme devraient toujours le faire deux langages qui se complètent. Une évidence qui pourtant échappe parfois à certains artistes…

Même s’il a voulu asseoir son projet sur une réflexion théorique, Tremblay se défend bien de sombrer dans l’obscurantisme le plus hermétique: "Je viens du monde des variétés. J’aime divertir. Je trouve que des fois on fait de la danse contemporaine qui est trop hermétique – pas volontairement, chacun y va selon son feeling -, mais j’ai essayé, moi-même, de ne pas m’ennuyer." D’ailleurs, pour lui, le mythe qui entoure la danse contemporaine, malheureusement soutenu même par des gens du milieu, est déjà déboulonné.

Celui qui a dû se résigner à des allers-retours créatifs entre la métropole et son irremplaçable région n’a pas encore jeté la serviette. Schème Danse, la compagnie professionnelle de laquelle il est cofondateur avec Éric Potvin, a d’ailleurs toujours pour objectif de mettre en contact le public du Saguenay avec des oeuvres chorégraphiques contemporaines. Par contre, selon lui, la reconnaissance de la danse dans la région passera nécessairement par l’institution. Militant pour que le sport-études offrant un programme en danse soit étendu au collégial, il rêve du jour où la danse sera même enseignée à l’université, au sein du baccalauréat interdisciplinaire en arts. Appuyant son argumentation de l’expérience vécue dans le milieu théâtral professionnel régional depuis que ce secteur a été couvert par l’enseignement universitaire, il argue que la danse ne sera vraiment professionnelle, dans la région, que lorsque le diplôme sera offert.

D’ici là, il continue de mettre sa pierre au monument par sa propre création…

Les 15, 16 et 17 mars
À la salle Pierrette-Gaudreault
Voir calendrier Danse