Hélène Ducharme : Le nombril du monde
Scène

Hélène Ducharme : Le nombril du monde

Hélène Ducharme et la compagnie Motus, qui avaient créé Inuussia, la femme-phoque, reviennent charmer les petits avec le spectacle Nombril.

La compagnie Motus a vu le jour en 2000, grâce à la comédienne, auteure et marionnettiste Hélène Ducharme. Lorsque celle-ci écrit Nombril, en 2001, elle vient d’accoucher de son deuxième enfant et désire créer un spectacle pour les bambins de trois ans et plus. "J’étais dans l’univers du ventre. Je me demandais pourquoi il y a tant d’émotions dans le ventre de l’être humain et pourquoi les enfants sont si fascinés par l’univers du ventre, par leurs bruits et par les mouvements qu’il y a dans le ventre d’une maman enceinte", souligne-t-elle.

Avec Sylvain Massé, metteur en scène, et Jean Cummings, concepteur des marionnettes et scénographe de Nombril, l’auteure imagine un spectacle qui marie théâtre d’ombres, comédiens et marionnettes – trois éléments qui caractérisent aujourd’hui les créations de Motus – et où la parole cède la place à la musique. "C’est le premier texte de la compagnie, alors on a tout mis! C’est un spectacle en trois parties", lance-t-elle.

L’ATTENTE

"On explore d’abord l’univers de la maman enceinte et le rapport que l’homme et la femme entretiennent face à l’attente du premier bébé qui fait naître une famille", explique Ducharme. La première partie de Nombril met donc en scène un père et une mère, interprétés par Hélène Ducharme et Jean Cummings, qui attendent un enfant. Les comédiens jouent à l’aide d’un faux corps, placé devant eux tel un castelet. Ce sont les "marionnettes habitées" de Nombril. Un dôme illuminé représente le ventre de la mère, dans lequel le public peut apercevoir l’enfant en gestation. Cet univers utérin, qui prend racine dans un théâtre d’ombres en couleur, s’apparente au monde aquatique. Par exemple, le coeur du foetus adopte la forme d’une petite crevette. "On a fait un parallèle entre la création du monde et celle de l’enfant. Dans cette partie du spectacle, on évolue dans l’eau. C’est un peu comme si tout ça appartenait au début des temps", dit Hélène Ducharme. Puis, elle ajoute: "Avec le théâtre d’ombre, on peut créer quelque chose de moins réaliste et inventer un univers. On n’a pas de références à une réalité physique."

LE DRAGON DE FEU

Puis vient la deuxième étape, celle de la formation du bébé jusqu’à sa naissance. Chaque partie du corps de l’enfant à naître, incarnée par de petites marionnettes à table qui détiennent leur personnalité propre, s’anime devant le public pour former un être humain complet. "Ça démontre que l’enfant a toutes sortes de caractères. Il y a un potentiel extrêmement créateur et destructif en lui. La façon dont il contrôle ces forces intérieures le définit en tant qu’être humain", affirme l’auteure. Cette pensée forge la troisième partie du spectacle. Une fois hors du corps de sa mère, le bébé décide de plonger à l’intérieur de son propre ventre, pour y rencontrer son dragon, symbole de ces forces créatrices et destructrices. Un combat s’engage avec la bête féroce. "Si l’enfant arrive à apprivoiser le dragon, ça lui donnera la confiance, la force et l’énergie qu’il faut pour vivre. Il pourra marcher vers son autonomie et foncer dans la vie", explique Hélène Ducharme.

ODE AUX IMAGES

Cette fable visuelle et auditive se déroule sans parole. "Nous avons voulu développer au maximum les marionnettes et les images. Puis, on a réalisé que les enfants n’ont pas besoin de mots pour comprendre une action. Ils sentent l’état dans lequel on se trouve", avance Ducharme. La musique originale de Michel Montreuil est présente du début à la fin. "La musique est un personnage, car elle mène l’action. Je voulais qu’une histoire soit racontée en musique et qu’on mette des images sur cette histoire", continue-t-elle. Nombril, qui s’est promené au Québec, aux États-Unis, en France et au Mexique, a été joué plus de 150 fois depuis 2001.

À la Maison Théâtre
Jusqu’au 7 avril
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