Hélène Robitaille et Philippe Soldevila : Les grandes espérances
Hélène Robitaille et Philippe Soldevila nous parlent de Santiago, la création qui lancera le Cycle d’or du Théâtre Sortie de secours. Pèlerinage magie-comique à Compostelle.
Pour souligner les 18 ans du Théâtre Sortie de secours, ses membres ont décidé d’entreprendre une nouvelle phase de création, où ils se poseront des questions d’adultes, sur le rapport de l’homme à l’idée de Dieu, la relation entre l’intime et le céleste. Mais attention, cela n’a rien d’une démarche religieuse ou pastorale. En fait, ce qui fascine le metteur en scène Philippe Soldevila dans Santiago, première production de ce Cycle d’or, c’est "cet espoir que, tout d’un coup, on va être touché par une lumière, une réponse, un chum, une blonde, une job, qui va éliminer toute forme de conflit, d’angoisse, de crainte, illustre-t-il. Comme si on était des enfants devant le chaos de l’humanité et qu’on attendait désespérément que quelqu’un avec une baguette magique nous dise: "Tous tes problèmes sont réglés." Je pense que c’est profondément ancré en nous et qu’il n’est pas étonnant que des gens se servent de ça pour provoquer des guerres, pour manipuler les hommes à leur profit."
Ainsi, la pièce a beau raconter un pèlerinage à Santiago (Compostelle), dans un Moyen Âge imaginaire et magique, les espérances tout humaines qu’elle met en scène s’avèrent aussi actuelles que tendres et amusantes. "Sur le chemin de Compostelle, je me dis qu’on doit être attentif à l’étoile filante, à la rencontre de la fille qui est née le même jour que soi…" continue l’auteure Hélène Robitaille. "Je trouve ça tordant et ça me touche, alors je me suis servi de ce principe. Ici, tout prend une dimension significative et l’humour est beaucoup là-dedans." Dans un registre plus lumineux qu’à son habitude, donc, elle y va par ailleurs de sa propre profession de foi. "Je pense que quelqu’un qui a commis une faute peut atteindre le pardon; j’ai vraiment besoin de croire à ça", soutient-elle. D’où cette histoire d’un homme hanté par sa culpabilité qui, ayant rencontré un groupe de pèlerins, se voit entraîné un peu malgré lui jusqu’à Compostelle, où il arrivera peut-être à trouver la paix… "Mais ce n’est pas du tout psychologique, précise-t-elle. Ça prend plutôt les accents d’un conte."
De sorte que ce sont ces différentes facettes – la marche des pèlerins, l’aspect fantastique du récit et ses moments plus réalistes où force détails passent par le non-dit – que Philippe Soldevila a dû intégrer dans sa mise en scène. "Il fallait travailler beaucoup le mouvement et Harold Rhéaume nous a aidés à concrétiser les idées que j’avais concernant les marches, relate-t-il. Je ne voulais pas hésiter à aller dans les extrêmes et à créer une complicité avec le public. Le défi était de garder l’idée de road theatre, que ça bouge tout le temps, sans perdre le texte d’Hélène." Ce qui ne semble pas s’être produit, à en croire la principale intéressée, encore sous le charme de l’enchaînement auquel elle a assisté. "J’avais l’impression de me retrouver dans mes chaussures, de voir ce que j’avais imaginé, commente-t-elle. La mise en scène est extrêmement chorégraphiée, minutieuse, mais elle est déjà intégrée. Et je suis en confiance par rapport au ton; c’est ce que je voulais écrire, quelque chose de drôle et de dramatique à la fois. L’atmosphère était très légère, festive… Une joyeuse aventure, quoi!" Que dire de plus?
Du 20 mars au 7 avril
Au Théâtre Périscope
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