Je ne pensais pas que ce serait sucré : Le battement d'aile du papillon
Scène

Je ne pensais pas que ce serait sucré : Le battement d’aile du papillon

Dans la pièce Je ne pensais pas que ce serait sucré, Lucifer se remet en question sur fond de battements d’ailes de papillons.

Le spectateur qui assiste à Je ne pensais pas que ce serait sucré doit mettre sa logique de côté pour pouvoir apprécier pleinement cette coproduction fort réussie du Théâtre du Double Signe et du Théâtre La Rubrique. C’est que la pièce de l’auteure Catherine Cyr est basée sur une prémisse fantaisiste. Pour tenter de retrouver un sens à sa vie, Lucas-Lucifer (crédible Benoît Lagrandeur) décide de suivre une thérapie chez la psy Anna Bettelcott (sobre Guylaine Rivard). Si les hommes n’ont plus besoin de lui pour faire le mal, que deviendra-t-il? Sa rencontre avec Rose (fervente Marianne Roy), l’ado de 13 ans de sa psy, le troublera d’abord puis lui fera accepter son destin. Ponctuée par un exposé oral de Rose sur sa passion, les papillons, la pièce est aussi rythmée par les trop rares apparitions de Perséphone (lumineuse Lysanne Gallant), une déesse et ancienne maîtresse de Lucifer, qui l’incite à se laisser glisser vers l’autre monde.

Mise en scène par Patrick Quintal, la production se démarque par l’utilisation de projections vidéo, conçues avec brio par le réalisateur Anh Minh Truong. C’est ainsi que sont recréés un tableau noir, des chutes et une magnifique papillonneraie. Pour faire contrepoids à ce foisonnement d’images, qui s’éteignent durant les échanges entre Lucas et sa psy, Serge Lapierre a opté pour une scénographie dépouillée, constituée d’un mobilier très simple et de paravents suggérant tantôt le bureau de la psy, tantôt une clôture, tantôt les portes de l’"enfer". La musique nuancée de Jacques Jobin vient teinter subtilement le déroulement de l’intrigue.

Portée par une distribution remarquable, la pièce explore le caractère éphémère de la vie, les trajectoires qui se croisent et s’influencent, l’acceptation de l’inexorable issue de l’existence: la mort. On sent qu’on a affaire à la voix d’une jeune auteure, qui use parfois d’un ton didactique – le spectateur aura l’impression au final de s’être fait lire un manuel sur la biologie du papillon -, mais dont la poésie vient se poser comme un baume sur le coeur.

Du mercredi au samedi à 20h
Jusqu’au 24 mars
Au Petit Théâtre de Sherbrooke
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