Philippe Decouflé : Marchand d'étoiles
Scène

Philippe Decouflé : Marchand d’étoiles

Le Français Philippe Decouflé nous avait conquis en 2001 avec Shazam!. Il nous revient enfin avec un solo tout aussi abracadabrant et fantasmagorique.

Peu connu sur notre continent, Philippe Decouflé est un artiste incontournable de l’autre côté de l’Atlantique. En 1983, il monte la compagnie DCA (Decouflé et Complices Associés) et produit d’emblée des oeuvres surréalistes aux résonances circassiennes où l’on s’amuse autant qu’on s’émerveille. Et bien avant qu’il ne soit consacré par le spectacle de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’Albertville, en 1992, le grand public peut apprécier son talent à travers les publicités et les clips qu’il réalise régulièrement.

"Quand j’ai commencé, j’étais très dynamique et j’avais envie de jouer avec le cadre de l’image, de faire des choses colorées, ludiques, joyeuses et un peu folles, déclare le chorégraphe intercepté dans sa tournée nord-américaine. J’ai fait des expérimentations avec une caméra vidéo et ça a donné des courts métrages qui m’ont fait remarquer alors que j’étais encore très jeune." Artiste prolifique, il crée presque autant pour l’écran que pour la scène et finit inévitablement par introduire l’image sur scène. Bien plus que des chorégraphies, ses oeuvres sont des spectacles hybrides qu’il dit construire comme des disques: il présente une succession de numéros aux couleurs variées qui sont "comme des plages musicales, mais visuelles", traversés par un même esprit et qui forment un ensemble harmonieux.

"J’essaie de créer du merveilleux de bon goût, poursuit-il. De faire quelque chose qui soit expérimental, qui ouvre des portes et qui soit à l’opposé du show-business, des paillettes, des recettes et des grosses machines promotionnelles. J’essaie de faire un travail honnête qui montre toutes les ficelles pour ceux qui veulent comprendre ce qui se passe, mais en même temps, avec la volonté de créer de la matière à rêver. Que ce soit quelque chose de simple à regarder, qui nourrisse l’imaginaire des gens et qu’ils ressortent avec des petites étoiles dans les yeux."

Dans SOLO, Le doute m’habite, il multiplie sa propre image grâce à un ingénieux système de caméras, d’écrans et d’éclairages qui lui permettent de "danser seul sans être seul". Créé en 2003 au Festival d’été de Barcelone, ce spectacle est une façon pour le chorégraphe de faire le point sur le chemin parcouru et de répondre à un besoin de simplicité. Car les grands projets qui se sont enchaînés après les J.O. l’ont tenu éloigné de la scène et des séances d’entraînement, et l’avortement d’un grand projet avec le Cirque du Soleil lui a donné la chance d’envisager une autre voie de progression artistique. Mais le doute l’habite: son corps de quadragénaire tiendra-t-il le coup et parviendra-t-il à passer la rampe en solo? La réponse est oui et quatre ans plus tard, la pièce tourne encore, parallèlement à Sombrero, une nouvelle création.

SOLO commence par un autoportrait où sont projetées des photos de famille. "C’est une façon d’accepter la mise à nu et aussi de démystifier l’image de l’artiste qu’on prend souvent pour un être à part, commente Philippe Decouflé. Commencer par livrer un peu d’intimité comme une manière de se rapprocher du public et de dire que je suis quelqu’un de simple, de fragile, de normal, mais qu’on va quand même essayer de vivre un moment merveilleux ensemble."

Les 16 et 17 mars, à 20 h
À l’Usine C
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