Le Malade imaginaire : Un imaginaire contagieux
Scène

Le Malade imaginaire : Un imaginaire contagieux

Le Malade imaginaire, porté par son énorme succès critique et public de l’année dernière, est en tournée au Québec. Une folie contagieuse en ce début de printemps!

En décembre dernier, après un intermède de sept mois, toute la joyeuse équipe du Malade imaginaire semblait fin prête à reprendre le collier. "Tout est revenu comme par enchantement. C’est comme si on s’était vu la veille", raconte Pascale Montpetit, visiblement emballée. "En sachant qu’on allait reprendre le spectacle, le texte a dû se loger dans notre caboche à double fond!", rigole la comédienne qui joue Toinette, la servante bourrue et délurée d’Argan, interprété ici par Alain Zouvi.

Pour une seule représentation, le public saguenéen a donc rendez-vous avec ce drôle de malade imaginaire qui, aveuglé par la peur de la mort, est prêt à tout pour marier sa fille Angélique (Bénédicte Décary) à un médecin et ainsi bénéficier des bons soins de son gendre. Mais Toinette veille au grain et use d’une pléiade de stratagèmes pour démasquer les hypocrites et les charlatans et faire en sorte qu’Angélique marie l’homme qu’elle aime. "Elle voit à quel point Argan se fait rouler dans la farine par tout le monde. Elle est peut-être agressive dans ses manières, mais c’est pour bien faire!" souligne Pascale Montpetit.

HÉTÉROCLITE TUYAUTERIE

Le metteur en scène Carl Béchard nous offre la pièce dans son intégralité, c’est-à-dire en y incluant le prologue et les intermèdes dansés et chantés, tels qu’écrits par Molière au 17e siècle pour divertir Louis XIV. On reconnaît ici la vision qu’entretient Béchard du théâtre, soit un lieu de tous les possibles dans lequel les contraires s’attirent. "Les intermèdes apportent une espèce d’exubérance, un côté carnavalesque très enfantin. Et, d’un autre côté, la pièce présente de vraies situations sur la condition humaine, sur le fait que le malade manipule son entourage pour se rassurer. On se rend compte que Molière ratisse vraiment large. Dans cette mise en scène, on sent la tournure d’esprit de Molière à tous les instants", commente Pascale Montpetit.

La pièce est bercée par l’univers musical de Carol Bergeron – fondateur du groupe Tuyo – qui, pour l’occasion, est accompagné sur scène par trois autres musiciens. Bergeron joue notamment de ses tuyaux pour évoquer les troubles intestinaux dont souffre Argan…

DRÔLE DE TANDEM

En septembre dernier, Pascale Montpetit recevait le prix Gascon-Roux de l’interprète féminine pour son interprétation de Toinette. "Ça fait vraiment plaisir, c’est comme une preuve qu’on a bien fait son travail", dit humblement la comédienne. "C’est un personnage qu’on aime aimer, car elle est un peu subversive mais pas trop et elle déploie des trésors d’imagination pour arriver à ses fins. Il y a des embûches, mais elle est l’fun à suivre avec son Argan", ajoute-t-elle.

Pour construire sa Toinette, Pascale Montpetit s’est beaucoup inspirée du costume que Marc Sénécal a créé pour elle. "Il m’a fait un costume extraordinaire, un peu Bécassine. J’ai l’air d’une grosse boule, avec un petit bonnet aplati. La robe est trop courte; on voit mes chevilles et mes petits pieds. C’est ce qui m’a donné les premières intuitions. Toinette marche en chaloupant et en déplaçant de l’air", dit celle qui laisse échapper un râle de bonheur lorsqu’on lui demande de nous parler du jeu d’Alain Zouvi. "Ah! Seigneur! Il est tellement merveilleux! C’est un gros talent. Il est aussi intelligent que sensible, avec un dosage magique! Alain joue dans une zone où le comique côtoie quelque chose de plus dramatique. Mais ça n’amoindrit pas le comique, ça l’augmente. Je suis sûre que Molière serait content de la façon dont Alain joue son Argan."

Le 23 mars
À l’auditorium Dufour
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