Oscar et la dame rose : Au nom de la rose
Adapté au théâtre, Oscar et la dame rose conserve sa richesse et sa luminosité.
Si certains reprochent à Eric-Emmanuel Schmitt son écriture simpliste, il reste que l’auteur-philosophe est un excellent vulgarisateur. C’est avec une plume sensible et rythmée que Schmitt dépeint, dans Oscar et la dame rose, les failles d’un univers rebutant: celui qui mène au décès d’un enfant. Mais au-delà de la mort, le récit est une réflexion sur la vie, sa fragilité et sa beauté.
Hospitalisé en raison de son cancer, le jeune Oscar réalise que sa maladie gagnera bientôt la partie. Mamie Rose, une bénévole de l’hôpital, l’invite à écrire à Dieu. Mieux, elle lui propose d’imaginer qu’il vieillit de dix ans à chaque jour. Dans 12 lettres quotidiennes, Oscar raconte, avec des mots d’enfant, sa maladie et sa centenaire de vie. Sans jamais, ou presque, sortir de l’hôpital, il vivra ses premiers French kiss, son mariage, le démon de midi, puis la sagesse.
La mise en scène est assurée conjointement par Rita Lafontaine et François Flamand, qui ont également profité des conseils d’André Brassard. Un lit, une peluche et un coffre meublent la scène avec sobriété. Seule pendant près de deux heures, Lafontaine est fascinante. Grâce à son charisme rassurant et maternel, elle est la dame rose par excellence. Lafontaine ne se contente pas de lire les lettres, mais bien de les faire vivre. Du coup, elle incarne à elle seule Mamie Rose et Oscar. Elle passe d’un personnage à l’autre avec finesse, sans jamais tomber dans la caricature. Seul bémol, la comédienne doit par moments rivaliser avec les projections et la musique. Dommage, puisque l’émotion que Lafontaine porte suffit à rendre justice au texte, sans qu’il n’y ait besoin de beaucoup d’indices pour guider le spectateur.
Empreintes de la naïveté d’un enfant, les lettres d’Oscar regorgent d’humour, suscitant des rires à foison. N’empêche que la pièce se termine par un silence qui trahit une audience de gorges nouées.
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