Z comme Zadig : De A à Z
Avec Z comme Zadig, Anne Millaire et le comédien Ariel Ifergan, aussi éclatant qu’éclaté, sont au service d’un texte qui amuse et provoque la réflexion.
Bien que l’aspect moraliste se trouve pratiquement évacué de cette adaptation libre, par Anne Millaire, du conte Zadig ou la Destinée, histoire orientale, il semble que l’esprit de Voltaire soit bien servi par ce curieux objet théâtral très rythmé qui ressemble parfois à un plaidoyer pour la liberté, parfois à une immense farce. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le monologue mené par Ifergan, tout juste soutenu par le clarinettiste Jeannot Bournival, n’a rien d’ennuyant: il possède autant de relief que le texte contient de pistes de réflexions, c’est-à-dire beaucoup!
Le travail du comédien et d’Anne Millaire fait aussi de ce conte philosophique une pièce communicative et accessible. On n’a aucune difficulté à l’imaginer présentée devant des adolescents, tant les thèmes que sont les droits de l’homme, l’égalité, la tolérance, la liberté, et même la quête du bonheur, sont livrés avec mordant et dynamisme, et provoquent, sinon alimentent, tout débat d’idées autour de ces sujets, nous incitent tous à faire des liens et des rapprochements avec l’époque actuelle. C’est que les grandes idées politiques modernes sont pour la plupart nées à l’époque des Lumières, dont Voltaire (1694-1778) s’avère un digne représentant, même un chef de file, sinon le symbole de son siècle.
Le conte original, écrit en 1747 et bien transposé au théâtre par Millaire, reflète fidèlement les idées de l’écrivain sur la libre pensée et la laïcité comme préliminaires incontournables à l’épanouissement des hommes et d’une civilisation juste. Mais si l’aspect radical de son engagement a pu faire avancer plusieurs politiques, devons-nous rappeler que Voltaire, se moquant de tous ses contemporains, est passé à côté de plusieurs avancées scientifiques, et, en ce qui nous concerne ici, à côté aussi de bien des évolutions artistiques! Ce qui, paradoxalement, confère à son oeuvre un aspect conformiste. Mais l’ironie, le sarcasme et le côté frondeur qui emballent la forme, somme toute assez inintéressante, donnent aussi à l’ensemble des traits qui ne vieillissent pas. De plus, la diversité des contenus jumelée à l’humour donne une impression baroque et absurde des plus réjouissantes qui, aujourd’hui encore, sied parfaitement à la scène.