Le Nouveau Théâtre Expérimental : Compagnie des Indes
Le Nouveau Théâtre Expérimental tend la main à la communauté indienne de Montréal et présente La Marche de Râma, un récit fondateur du peuple hindou.
Alexis Martin et Daniel Brière sont constamment en quête d’une exploration théâtrale sortant des sentiers battus. L’année dernière, avec leur Nouvelle Télé communautaire, ils nous ont fait découvrir les cultures haïtienne, vietnamienne et bulgare de la Métropole. Cette année, les deux énergumènes du NTE désirent tisser des liens avec la communauté indienne. "Cette saison, on la met sous le signe de l’Inde. On veut commencer à faire des ponts avec cette communauté très présente à Montréal. Il est plus que temps de voir ces gens-là sur nos scènes, soutient Alexis Martin. Et la meilleure façon de tisser les premiers liens avec une communauté, c’est d’en lire un récit classique, intangible."
LARRONS EN FOIRE
De ce désir est née La Marche de Râma, une des grandes épopées qui fondent l’identité hindoue. Rue Fullum, dans leur salle de répétition qui déborde de gadgets inusités, Martin et Brière sont aussi excités que des gamins sur un terrain de jeux. Le joyeux tandem, à qui l’on doit la conception, la mise en scène et l’interprétation des rôles principaux de la production, éprouve un plaisir évident à raconter cette histoire.
La Marche de Râma ou Le Râmâyana, c’est le récit du prince Râma (Daniel Brière) qui, à la suite d’intrigues survenues au palais, doit s’exiler dans la forêt. Sîtâ, sa bien-aimée, décide de le suivre dans son périple, mais voilà qu’elle est enlevée par Râvana (Alexis Martin), le chef des démons. À travers son trajet initiatique, le prince Râma s’allie avec le roi des singes et des ours pour libérer sa douce, rencontre des sages et accumule des armes qui lui permettent de combattre le mal. Ce n’est qu’à la fin de l’histoire qu’il découvre qu’il est lui-même un dieu. "C’est comme un grand conte moral dans lequel sont décrites des valeurs comme l’honnêteté", affirme Alexis Martin.
VARIER LES PROCÉDÉS
Pour pondre leur spectacle, Alexis Martin et Daniel Brière ont parcouru de A à Z une traduction française du Râmâyana, puis ils ont écrit un condensé respectant scrupuleusement l’histoire mythique. Du côté de la mise en scène, les deux comparses se sont amusés à changer de mode narratif pour chacun des 20 tableaux de la pièce. Ainsi, ce conte ludique et coloré est raconté au public à travers différents procédés théâtraux tels que la marionnette, la danse, le chant, la vidéographie, le microthéâtre et le théâtre d’ombres.
Trois artistes de la communauté indienne de Montréal participent au spectacle, dont Amrita Choudhury, qui danse et interprète le personnage de Sîtâ, et Ganesh Anandan, un musicien qui inonde en direct la scène de ses sonorités traditionnelles et contemporaines. "Ce n’est pas un spectacle pamphlétaire, mais plutôt une envie de créer des liens. Au théâtre, il y a une absence de cette communauté qu’on remarque et qu’on déplore. Depuis quelques années, dans notre démarche de création, on essaie de rencontrer des gens et de s’inspirer de leur histoire. C’est notre petite démarche anthropologique", lance Daniel Brière.
Du 3 au 28 avril
À Espace Libre
Voir calendrier Théâtre