Patrice Dubois et Dany Michaud : Frères de sang
Patrice Dubois et Dany Michaud sont les protagonistes de la nouvelle pièce de François Archambault, Les Frères Laforêt.
Après le succès retentissant de La Société des loisirs, François Archambault change de registre et propose une pièce sur la transmission générationnelle. Avec les comédiens Dany Michaud et Patrice Dubois, tous deux fondateurs de Janvier Toupin Théâtre d’Envergure, Archambault délaisse le cynisme et l’exploration des relations de couple pour se concentrer sur l’Homme avec un grand H.
REMONTER LE TEMPS
À la mort de leur père, deux frères aux tempéraments fort différents se rencontrent pour s’affranchir des tristes tâches reliées à de pareilles circonstances. C’est à travers l’issue de quelques questions techniques, mais aussi à la suite de la lecture du testament de leur paternel – lecture qui provoque certaines surprises – que les deux frères vont confronter leurs visions diamétralement opposées du monde. La pièce aborde les questions telles: "De quoi ai-je hérité?", "De qui je retiens?", "Pourquoi suis-je ainsi?". "Mais, soutient Dany Michaud, elle pose aussi la question: comment se fait-il que deux hommes qui ont été élevés par les mêmes personnes aient des visées complètement différentes dans la vie?"
L’action se déroule en région. Matane, Dolbeau, Thetford Mines ou ailleurs, peu importe. Le plus jeune des frères, Daniel (Dany Michaud), est président de compagnie. Résolument tourné vers l’avenir, il n’a que faire du passé et de ses origines. L’aîné, Philippe (Patrice Dubois), est au bord du précipice. "Il est bloqué dans sa vie et il veut savoir où il s’en va, alors il remonte le fil du temps pour comprendre d’où il vient", explique le comédien Patrice Dubois, qui assure également la mise en scène du spectacle. Philippe ressent donc le besoin vital de remonter son arbre généalogique. "Dans sa quête, mon personnage fait émerger des choses qu’il portait en lui sans le savoir. C’est un peu le côté théâtral de la pièce, puisque de cette démarche naissent certains tableaux dans lesquels le passé va ressurgir", explique Dubois.
Qui de mieux qu’Armand Vaillancourt, l’artiste derrière L’Arbre de la rue Durocher, pour évoquer cette réminiscence? À 77 ans, l’homme participe pour la première fois à une expérience théâtrale du genre. "On cherchait quelqu’un pour incarner l’aïeul. Armand Vaillancourt, ça a été un flash. Je lui ai parlé du show et ça marchait. C’est un réel transmetteur et il existe parmi nous! Il enseigne, fait des ateliers de sculpture avec les jeunes, il vient de la forêt et il est issu d’une famille de 17 enfants", lance Patrice Dubois.
TRANSMISSION AUTOMATIQUE
"À l’origine du projet, la seule certitude qu’on avait, c’est qu’on voulait faire un spectacle tous les trois ensemble. Patrice et moi avions envie de travailler avec un auteur et François avait le goût de travailler sur le terrain, avec des acteurs", souligne Dany Michaud. Petit à petit, le thème de la transmission s’est imposé au trio. "On est tous les trois pères. On s’est questionné sur l’héritage qu’on allait donner à nos enfants, parce qu’on trouve que beaucoup de choses se perdent. Ça nous a fait réfléchir sur nos pères à nous, ce qu’ils nous ont légué. Et, comme dit François, un arbre est apparu, au sens propre et figuré", continue Michaud. Son complice de longue date renchérit: "On voulait que ce soit un spectacle exempt de cynisme. Pour nous, c’était le côté sain de tout ça qui importait: ce qui te fait avancer, ce qui est de l’ordre de la transmission. Au lieu de penser que tu es le point de départ, pense que tu es un maillon de la chaîne", philosophe Patrice Dubois.
Pendant un an et demi, les trois amis ont créé, discuté, improvisé, lancé des idées au hasard, écrit des textes. Au bout de quelques mois, François Archambault a pondu un premier jet, puis un deuxième et un troisième. "C’est François qui a fait la trame narrative et qui a pris les décisions. C’est vraiment lui l’auteur du spectacle", dit Dany Michaud. Patrice Dubois a particulièrement apprécié cette nouvelle méthode de travail: "C’est très agréable, parce que tu sais d’où vient chaque mot de la pièce. Il y a parfois toute une session de travail qui a été mijotée et réduite en une seule phrase. François a une oreille qui rend compte de la réalité", affirme-t-il. Ce dernier affirme avoir conçu une mise en scène différente de ses précédentes, basée sur l’évocation d’un dialogue. "On a construit un environnement où tout se répond. La source de cela, c’est évidemment la confrontation entre les deux frères. J’ai aussi pensé la mise en scène comme un plongeon. J’ai souvent travaillé dans les ruptures, les choses rythmées. Ici, c’est moins urbain, ça glisse davantage et j’adore ça", conclut Patrice Dubois.
Le spectacle sera bercé par la musique live de Ludovic Bonnier, qui signe également la conception sonore.
Du 3 au 28 avril
au Théâtre La Licorne
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