Catherine-Anne Toupin : Tromper l'ennui
Scène

Catherine-Anne Toupin : Tromper l’ennui

Catherine-Anne Toupin et le Théâtre ni plus ni moins présentent de nouveau L’Envie, ce chassé-croisé amoureux aux échanges verbaux musclés.

On la connaît surtout pour son rôle de Mélissa – la mauvaise-amie-voleuse-de-chum – dans la télésérie Les Hauts et les Bas de Sophie Paquin. Cet automne, on a également pu la voir au théâtre dans Le Périmètre de Frédéric Blanchette. Mais Catherine-Anne Toupin ne se contente pas de porter (habilement) le chapeau de comédienne. En plus d’être cofondatrice du Théâtre ni plus ni moins avec François Létourneau et Frédéric Blanchette, on lui doit plusieurs textes dramatiques dont L’Envie – sa première pièce -, écrite de 2001 à 2003. Jouée au Théâtre d’Aujourd’hui en octobre 2004, L’Envie revient titiller les planches de la salle Jean-Claude Germain.

BEAU FIXE

On y suit les mésaventures professionnelles, personnelles et sexuelles de deux jeunes couples formés de quatre vieux copains. Ayant commencé une relation plutôt passionnelle à l’insu de tous, deux d’entre eux trouvent le moyen de se déculpabiliser à l’aide d’une proposition lancée aux deux autres… "Je sais que c’est facile de sauter à la conclusion que c’est une affaire de couples, une histoire hommes-femmes, mais pour moi, ce n’est vraiment pas ça le sujet. Le vrai thème de la pièce, c’est quatre personnages fin vingtaine, début trentaine, qui sont rendus à une période de leur vie où leurs rêves de jeunesse viennent se heurter à la réalité", raconte Catherine-Anne Toupin.

Le titre s’inspire donc de l’envie charnelle, mais aussi de l’envie de découvrir de nouvelles sensations ou de combler un vide existentiel. "Ça parle de la perte d’ancrage et de valeurs d’une certaine génération dont j’ai un peu l’impression de faire partie. Mes personnages sont des gens qui cherchent quelque chose sans trop savoir quoi. Ils vont se lancer dans des histoires qui n’ont pas vraiment de bon sens pour se sentir en vie, se donner des sensations fortes ou réveiller quelque chose en eux qui est endormi. Quitte à tout jeter, ils recherchent le plaisir, la gratification instantanée", explique l’auteure.

DU REALISME AU SURREALISME

Catherine-Anne Toupin se défend cependant d’avoir voulu brosser un portrait de société. "Mon point de départ, peu importe ce que j’écris, c’est de raconter une bonne histoire. J’aime beaucoup construire à partir du suspense", dit celle qui s’inspire notamment des oeuvres de Hitchcock, David Lynch, Harold Pinter ou Roman Polanski. "Pour le spectateur, je crois aussi que la pièce est très drôle, parce qu’il sait que le naufrage des personnages s’en vient… L’humour vient parfois d’une situation qu’on peut comprendre, mais qu’on regarde de loin, de l’extérieur", souligne-t-elle.

Les comédiens se préparent depuis le début mars à reprendre le collier. Catherine-Anne Toupin fait partie de la distribution de sa propre pièce, avec les mêmes partenaires de jeu qu’en 2004, soit Catherine Proulx-Lemay, Steve Laplante et Guillaume Champoux. "Étonnamment, tout revient très vite. C’est tellement précis comme partition qu’on n’a pas le choix que de réapprendre notre texte à la seconde près. Et on a un énorme plaisir à jouer ensemble. Étant donné qu’on a tous plus d’expérience qu’en 2004 – en tant que comédiens et êtres humains -, j’espère qu’il y aura quelque chose de plus ancré, troublant et chargé", ajoute Toupin.

Selon elle, la mise en scène de Frédéric Blanchette est basée sur la mise en valeur du texte et du jeu des comédiens. "C’est une pièce qui fonctionne si le spectateur a la sensation d’être voyeur. C’est un niveau de jeu qui, tout en étant très précis et calculé, doit être très vrai et réaliste. Frédéric nous guide pour qu’on touche à cette vérité théâtrale", continue la comédienne et auteure, avant de conclure: "C’est difficile d’en parler parce que j’ai l’impression d’être rendue ailleurs. Dans mes pièces plus récentes, je décolle du réalisme pour laisser place à des pulsions primaires, pour aller davantage dans des zones surréalistes."

Du 10 au 28 avril
Au Théâtre d’Aujourd’hui
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