Groupe Lab de danse : Bal macabre
Le Groupe Lab de danse termine sa saison avec éclat en se penchant sur l’oeuvre d’Edward Gorey pour en faire un objet chorégraphique qui mêle théâtre, danse et horreur… Rencontre avec le chorégraphe Tony Chong.
Comme chaque année, le Groupe Lab de danse s’éclate en fin de saison avec un spectacle qui sort des sentiers battus. Bref, c’est l’occasion pour ses créateurs et ses concepteurs de se faire plaisir, de confirmer celui qui signe les chorégraphies de cette grande finale et codirige le Groupe, Tony Chong.
Cette fois, c’est l’esthétique d’Edward Gorey qui sera le fil conducteur de ce spectacle, intitulé La Malédiction de l’infirmière. "L’an passé, Peter (Boneham, directeur artistique) a eu une chirurgie pour l’appendice et une infirmière s’est occupée de lui… On a donc marié l’univers de Gorey (une idée du directeur visuel Normand Vandal) au thème de l’infirmière", explique le chorégraphe.
Connu pour ses personnages sordides aux silhouettes longilignes, Gorey est un illustrateur états-unien qui a influencé toute une génération de créateurs – dont l’éminent Tim Burton – avec ses dessins à l’encre noire. "Le travail de Gorey était assez sombre… Au fond, il faisait une critique de la société, comme quoi, sous des dehors civilisés, tous cachent une part de violence ou de méchanceté, constate Tony Chong. Ses oeuvres sont perturbantes et drôles à la fois, puisque l’on peut rire de nous-mêmes."
Cette fois, c’est dans la danse contemporaine que son influence s’exprimera, notamment dans des personnages types (ceux de l’aveugle, du croque-mort…), mais aussi dans des décors et costumes fantasmagoriques qui utilisent le blanc et le noir, avec un soupçon de rouge. Tous les danseurs membres du Groupe seront donc en performance, soit Lori Duncan, dans le rôle de l’infirmière "qui est gentille, mais a un côté méchant, un peu à la Dr. Jekyll et Mr Hyde!"; Marie-Claire Forté (la bonne aigrie); Alanna Kraaijeveld (la chanteuse d’opéra égocentrique); James Phillips (le croque-mort dandy); et Donald Taruc (l’aveugle titubant). "C’est un peu comme une comédie musicale sans l’être. Les choses sont exagérées; ça mêle le théâtre et la danse… c’est donc beaucoup moins subtil que ce que je fais habituellement", relate Chong, tentant de définir sa "macabre" chorégraphie, qui se veut une "oeuvre finie", contrairement aux laboratoires des artistes en résidence présentés au cours de l’année au Groupe Lab. "C’est macabre parce que Gorey parle de violence, de sexe, de cruauté envers les enfants… et j’ai essayé de créer des mouvements et des scénarios qui paraissent normaux en surface, mais qui au fond sont pas corrects."
Couchée sur une musique de Michael Nyman, La Malédiction de l’infirmière est bien entendu soutenue par le grand manitou, mentor de toutes ces bonnes âmes, Peter Boneham, qui agit ici à titre de directeur artistique et de metteur en scène. Prometteur.
Les 12, 13 et 14 avril à 19h
À la Cour des arts