D’Alaska : Prise d’otage
Le Théâtre Bluff présente D’Alaska, une pièce écrite par Sébastien Harrison, destinée aux adolescents… et aux 50 ans et plus.
D’Alaska, c’est l’histoire de Madame, une bibliothécaire retraitée. Une nuit, elle se fait prendre en otage par Aujourd’hui, un adolescent maussade, issu d’une famille typiquement banlieusarde. Pendant la captivité, les deux personnages incongrus développeront une profonde relation, ces derniers vivant une épreuve semblable. Pour Madame, c’est le deuil d’une relation amoureuse. Sa conjointe est partie avec une autre, après 40 ans de vie commune. Quant à Aujourd’hui, il est lui aussi bouleversé par le départ d’un ami, qui s’est envolé à l’étranger.
"Bien que Madame soit ouvertement lesbienne, là n’est pas le sujet de la pièce", explique l’auteur, Sébastien Harrison. "Les gens croient que c’est un texte sur l’homosexualité. Parce que ça s’adresse aux ados, ils supposent qu’il y a un thème précis. Pour moi, l’homosexualité n’est pas un thème, c’est une façon de voir les choses. Étant moi-même gai, c’est plus facile de me projeter dans ce genre de personnages."
Faute d’être l’élément central, l’homosexualité n’est cependant pas qu’une simple toile de fond. Par exemple, un flou narratif tourne autour de l’orientation sexuelle d’Aujourd’hui. C’est la notion d’incertitude qu’explore Harrison. "Je ne voulais pas présenter un jeune gai. Ce qui m’intéresse, c’est le moment du doute, de l’amitié qui pourrait être autre chose. Je voulais saisir ce moment précis de l’ambiguïté qui est souvent propre à l’adolescence. Si j’avais choisi d’écrire sur un jeune homosexuel qui fait son coming out, une grande partie des spectateurs n’auraient pas pu s’y reconnaître."
Officiellement, la pièce s’adresse aux adolescents. Mais, selon l’auteur, on peut facilement élargir la cible. "Je dis souvent à la blague que c’est un spectacle à la fois pour adolescents et pour les gens de 50 ans et plus. Il y a une réflexion sur l’âge, sur l’évolution d’une relation dans le temps. Je parle de ce qu’est l’épreuve d’être abandonné par son compagnon de vie quand on a 70 ans."
Mise en scène par Frédéric Dubois, D’Alaska est aussi un retour au théâtre pour Louisette Dussault, qui donne la réplique à Christian E. Roy.