La Marche de Râma : Les dieux sont tombés sur la tête
Assister à La Marche de Râma, le dernier spectacle du Nouveau Théâtre Expérimental, c’est comme respirer une grande bouffée d’air pur aux parfums indiens.
C’est dans le plaisir et grâce à une imagination fertile qu’Alexis Martin et Daniel Brière nous font découvrir – sans aucune prétention – une des grandes épopées fondatrices de l’identité hindoue.
La Marche de Râma ou Le Râmâyana, c’est une sorte de grand conte moral dans lequel flottent les valeurs et la morale de tout un peuple. Cette fresque mythique raconte le périple du prince Râma, forcé de s’exiler dans la forêt pendant 14 ans à la suite d’une intrigue orchestrée par l’une des femmes de son père. Avec son épouse Sîtâ et un de ses demi-frères, Râma va s’engager dans un parcours initiatique au cours duquel sa bien-aimée sera enlevée par Râvana, le roi des démons. Pour tenter de retrouver la femme dont il est éperdument amoureux, Râma rencontrera des sages, accumulera des armes et se liera d’amitié avec des animaux bienveillants qui l’aideront à accomplir la mission dont il est investi: triompher du mal. À ce moment seulement, il découvrira enfin qu’il est l’incarnation du dieu Vishnu.
ESPRIT FESTIF
Daniel Brière et Alexis Martin dépeignent habilement et brillamment ce récit à l’aide de différents procédés artistiques. On suit donc la marche du prince à travers le micro-théâtre (un théâtre d’objets miniatures qui s’anime grâce à des figurines), les marionnettes d’ombres, la vidéo, le dessin, la danse, le chant, etc. Même le site YouTube apporte son grain de sel à l’aventure.
Si, parfois, le duo de comédiens incarne avec un humour savoureux les deux personnages principaux (Râma et Râvana), les voix qu’ils prêtent aux marionnettes communiquent tout aussi bien au public l’esprit festif de la production. Les nombreux et ingénieux moyens imaginés par Brière et Martin donnent lieu à de délicieux moments de théâtre où l’audace et la débrouillardise ne manquent pas de nous arracher rires et sourires.
Quelques passages de la folle randonnée de Râma sont narrés par l’Indien Ganesh Anandan, et deux artistes de la communauté hindoue de Montréal prennent également part au spectacle: la danseuse Amrita Choudhury qui, en plus d’interpréter Sîtâ, nous envoûte par ses mouvements gracieux, et le musicien Minoo Gundevia, dont le chant et les instruments de percussion indiens enveloppent la scène d’une riche ambiance sonore. Dans la salle, Claude Jasmin sera sans doute le seul à ronfler!
Jusqu’au 28 avril
À Espace Libre
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