Maurice Béjart : Fragments de discours amoureux
Scène

Maurice Béjart : Fragments de discours amoureux

Maurice Béjart nous propose un collage d’une vingtaine de ses oeuvres sur le thème de l’amour. Un spectacle-fleuve qui passe en revue près de 50 ans de création.

Maurice Béjart a fêté ses 80 ans en janvier. Celui qui révolutionna le ballet néoclassique dans les années 60 en France est établi en Suisse depuis longtemps. Il n’accompagnera pas les 38 danseurs du Béjart Ballet Lausanne qu’il y a fondé en 1987 et qui nous rend visite pour la deuxième fois seulement depuis sa création. Alité à cause d’un oedème pulmonaire, il n’a pas pu répondre à nos questions. Les extraits de ses oeuvres regroupées dans le spectacle L’Amour-La Danse parleront pour lui.

La soirée s’ouvre sur une séquence de son Sacre du printemps, qu’il célèbre par l’accouplement d’un homme et d’une femme. En 1959, cette pièce consacra le caractère novateur de son travail et fut le prélude à la naissance des Ballets du XXe siècle, compagnie à très grand déploiement qu’il dirigea à Bruxelles jusqu’à ce qu’il élise une nouvelle terre d’accueil. Fils du philosophe Gaston Berger, il avait quitté la France où son style était loin de faire l’unanimité. Pourtant, il est avec Roland Petit le seul Français à s’être inscrit au panthéon des néoclassiques, il a fait de la danse un art populaire et encore aujourd’hui, il attire les foules.

L’Amour-La Danse révèle son goût pour les figures mythiques et le mysticisme avec des extraits du Roméo et Juliette de 1966, d’Héliogabale (ou l’Anarchiste couronné), inspiré d’Antonin Artaud 10 ans plus tard, ou encore de Rumi, créé en 2005 au moment de cette rétrospective. Son multiculturalisme et son aspiration à une culture universelle se reconnaissent dans l’éclectisme des atmosphères et des musiques qui vont du classique au contemporain, en passant par le rock, la variété française et les musiques traditionnelles. Par exemple, on entendra Stravinsky, Mozart, Berlioz, Strauss, Mahler et Gounod, mais aussi Mikis Theodorakis, Queen et U2. Brel et Barbara sont prétexte à trois danses mettant plus particulièrement en vedette Gil Roman, danseur fétiche de Maurice Béjart depuis 1979, devenu directeur adjoint de la compagnie il y a quelques années. Avant lui, la muse du chorégraphe avait été Jorge Donn, immortalisé par Claude Lelouch dans le film Les uns et les autres.

Présenté en première nord-américaine, L’Amour-La Danse offre une perspective intéressante sur l’oeuvre de ce créateur de quelques 250 chorégraphies, qui s’est souvent défendu d’avoir un style, mais dont la signature n’a pas changé au fil du temps.

Les 14 et 15 avril
À la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts
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