Screaming Popes : Les dessous de l'uniforme
Scène

Screaming Popes : Les dessous de l’uniforme

L’idée trottait dans la tête de Marie-Josée Chartier depuis près de 10 ans: créer une chorégraphie en s’inspirant du travail du peintre Francis Bacon. Pour y arriver, la pièce Screaming Popes (Le Cri des papes) utilise le symbole de l’uniforme papal pour explorer ce qui se cache derrière les apparences.

L’idée de la pièce Screaming Popes (Le Cri des papes) s’est imposée à Marie-Josée Chartier il y a plus d’une décennie, lorsqu’elle a découvert le peintre britannique Francis Bacon. "J’ai été fortement marquée par ses oeuvres. Ses images sont très viscérales, c’est cru, ça parle beaucoup de ce qui se passe à l’intérieur de l’être humain, d’isolement, de tourment, de douleur, du côté primitif", explique la chorégraphe. Le triptyque du peintre sur les papes, représentant des visages déformés par l’angoisse, est la principale source d’inspiration de la pièce. Pour illustrer son propos, Marie-Josée Chartier met en scène l’uniforme papal, qu’elle qualifie d’"uniforme ultime". "C’est aussi un symbole de pouvoir, de vanité. Il y a plusieurs couches à peler pour voir ce qu’il y a à l’intérieur", illustre celle qui présentera son travail dans la ville de Québec pour la première fois cette semaine.

Screaming Popes part donc de l’extérieur pour poser un regard de plus en plus dépouillé sur l’intérieur. Particulièrement intéressée par la vulnérabilité masculine, Marie-Josée Chartier explore aussi les thèmes de la violence, de la religion, de l’isolement et de l’angoisse. "La pièce se présente comme une série de tableaux vivants. On y suit trois personnages aux personnalités très distinctes qui traversent plusieurs transformations. Le costume y joue un rôle important de déconstruction du début à la fin. On enlève les couches une à une pour voir ce qu’il y a à l’intérieur", explique la chorégraphe, jointe à Winnipeg, où était présentée la pièce la semaine dernière.

La chorégraphie a été créée en Allemagne en 2004, en collaboration avec la compagnie Fabrik Compagny, qui a pignon sur rue dans la ville de Potsdam, située tout près de Berlin. L’artiste y a travaillé pendant trois semaines avec les trois danseurs et le compositeur, qui joue live sur scène. Marie-Josée Chartier se dit emballée par l’expérience. "On avait accès à un théâtre durant tout le travail de création. C’est tout simplement fantastique d’être dans un théâtre toute la journée, du matin au soir, sans contraintes de création, ce qui permet de libérer l’imagination et d’aller encore plus loin. C’était vraiment différent des conditions qu’on peut trouver au Canada."

Le résultat est très visuel, de l’aveu même de l’auteure. "On dit souvent de mon oeuvre qu’elle est très sculpturale, que c’est une oeuvre visuelle en mouvement. Je puise beaucoup mon imagination dans des oeuvres visuelles contemporaines. Dans cette pièce, il y a aussi du chant, du théâtre. C’est très live; à chaque spectacle, il se passe quelque chose de différent. Disons que la pièce a un système nerveux très agité", conclut-elle.

Les 19, 20 et 21 avril
À la salle Multi
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