Danielle Grégoire : Donner au suivant
Danielle Grégoire, après 10 années à espérer, partage enfin la scène avec Viola Léger (la Sagouine) dans Grace et Gloria, une touchante pièce qui a remporté le Masque du public en 2006.
Grace et Gloria, une coproduction du Théâtre de l’Île et du Théâtre populaire d’Acadie, explore des lieux peu confortables, mais combien nécessaires. Cette traduction du texte de Tom Ziegler qui traite de l’inévitable fin trouve en effet un écho dans bon nombre de coeurs. "Michel Tremblay a réussi à le traduire sans donner des jambettes à ce souffle-là. On est capable d’aborder des sujets comme la mort, comme dans la vie, c’est-à-dire en riant, en pleurant, en faisant les deux presque en même temps", amorce Danielle Grégoire, qui incarne Gloria.
Dans une mise en scène très intimiste de Sylvie Dufour, on découvre donc deux personnages aux antipodes: Grace (Viola Léger), vieille dame en phase terminale aux manières brusques, et Gloria, snobe femme de carrière dans la quarantaine et bénévole auprès des mourants. "C’est un huit clos où, tout autour d’elles, ça devient presque la fin du monde. La ferme a été vendue et Grace a eu un sursis pour aller mourir dans la cabane à côté de la maison, qui était l’ancienne maison de la belle-mère." En attendant le passage de la faucheuse, les deux femmes, qui n’ont en commun que leur entêtement, tisseront une singulière relation entre elles. "Ces femmes-là vont se donner toutes les deux de belles leçons, dit doucement Danielle Grégoire. Je te dirais qu’il y en a une qui est condamnée à vivre et l’autre qui est condamnée à mourir. Et celle qui est la plus vivante, c’est celle qui va mourir. Dans toute cette histoire de donner en héritage à quelqu’un le goût de vivre, c’est le plus beau cadeau!"
Partager la scène avec la célèbre Acadienne se révèle également tout un présent pour la comédienne originaire de Charny. "Elle a 76 ans… C’est peut-être sa dernière grande tournée. Et Viola avait besoin de donner. Mais ce n’est pas quelqu’un qui va donner des cours, même si plein de monde à Moncton veut qu’elle aille y faire des séminaires. Ce n’est pas elle, ça! De jouer à côté d’elle, je me sens comme si on jouait de la musique ensemble. La partition, c’est Grace et Gloria, et, moi, je suis à côté d’une grande, grande soliste qui me fait de la place. Tu sais, je n’ai rien à faire; honnêtement, j’ai juste à être présente." Elle ajoute avant de conclure: "J’essaye de recevoir tout ce que je peux pour ensuite pouvoir le partager. Le patrimoine des arts de la scène, ce n’est pas dans les livres: ça se passe dans l’instant. Et je sais que je suis en train de recevoir de grandes leçons."
Le samedi 28 avril à 20h
Au Théâtre Belcourt
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