Kooza : Grandeur nature
Scène

Kooza : Grandeur nature

Avec Kooza, le Cirque du Soleil retourne à la tradition circassienne et, par le fait même, se rapproche des gens. Rencontre avec deux des concepteurs: Stéphane Roy et Martin Labrecque.

Kooza, le 20e spectacle du Cirque du Soleil, marque aussi les 20 ans de la compagnie. Mis en scène par le clown David Shiner, il compte pas moins de 50 artistes dans sa distribution. À cette longue liste d’acrobates en tous genres, de musiciens et de clowns, s’ajoutent 13 concepteurs, dont Stéphane Roy et Martin Labrecque, tous deux issus du monde du théâtre, où ils sont toujours très actifs.

Pour le concepteur d’éclairages qu’est Labrecque, à une exception près, le processus de création ne diffère pas tellement de celui qu’il connaît en théâtre. Mais l’exception est de taille: "On a deux fois plus de temps, dit-il, deux fois plus de moyens." L’idée initiale de Kooza date d’environ dix ans et la décision d’aller de l’avant a été prise il y a déjà quatre ans. Labrecque, qui a travaillé sur Corteo, s’est joint au projet il y a déjà un an et demi. "J’ai pu faire des tests, essayer des trucs et amener des gens, mais le processus de création demeure exactement le même. Il y a une commande qui vient de quelque part, mais par la suite, il n’y a personne au-dessus de ton épaule pour te souffler les manoeuvres, ni plus ni moins qu’en théâtre ou en variétés."

La liberté de l’éclairagiste est aussi accrue par la technologie disponible: "Tu as accès à une technologie à laquelle tu n’aurais pas accès sur de plus petites scènes. Tu as aussi les moyens de les acheter, ces technologies! En théâtre, ce serait impensable. Avec le cirque, on t’envoie voir le truc, on te laisse le tester pendant un mois et tu décides ou non de le garder. C’est fantastique pour l’exploration car un nouveau monde s’ouvre à toi. Tu peux aller jouer dans le monde de l’éclairage architectural ou l’éclairage de variétés très sophistiqué."

Pour Stéphane Roy, le scénographe, la scène circassienne est fondamentalement différente de la scène théâtrale: "Avec le metteur en scène, nous partons d’une page blanche, contrairement au théâtre où tout part d’un texte." Le jour zéro est le jour zéro à tous les niveaux, et pour tous. "Guy Laliberté nous a demandé un spectacle plus circassien, donc, voici la première note, et on partait là-dessus. Je me suis assis avec le directeur de création (dans ce cas-ci, Serge Roy) et le metteur en scène et nous avons écrit le spectacle ensemble. Il n’y a pas de scénario de base, et cela contribue certainement à l’aspect intemporel du spectacle de cirque."

Si le nombre de représentations d’une pièce de théâtre dépasse rarement 25, il arrive qu’au cirque, un spectacle tourne pendant 10 ans, voire 15, puisqu’il s’agit du Cirque du Soleil. Contrairement à l’éclairagiste qui doit s’ajuster au fil des représentations, le scénographe bouge très peu de choses après la première: "Le spectacle va vivre avec la même structure jusqu’à la fin; en fait, on ne construit pas un décor, on construit une maison où les artistes vivront pendant 15 ans, en famille. C’est un lieu habité, un lieu où ils doivent cohabiter, avoir chacun leur espace."

En plus de composer avec la sécurité (dimension incontournable propre à la discipline), les concepteurs se sont donné un nouveau défi: "C’était d’être le plus low-tech possible, le plus proche du cirque. On voulait se rapprocher du monde, éviter la surenchère qu’on pouvait causer du côté des effets, affirme Roy. On voulait montrer le coeur du cirque."

Plus dépouillé, plus axé sur des numéros d’adresse que sur des effets spéciaux, Kooza promet aussi d’être très drôle. Et avec des concepts originaux (comme un fil de fer en angle), les sueurs froides seront également de la partie.

Jusqu’au 24 juin
Sur les Quais du Vieux-Port
Voir calendrier Cirque