200 Épreuves : Ladies night

"Je trouve la Femme très mystérieuse. J’ai eu envie d’écrire pour essayer de La connaître. Du moins, de découvrir quel est mon lien avec Elle", explique Christian LeBlanc, auteur et metteur en scène de 200 Épreuves.

Avant de s’attaquer à l’écriture, LeBlanc savait qu’il voulait aussi intégrer la photographie à la pièce. Il s’est donc mis à chercher un processus qui allumerait l’étincelle d’une telle création. C’est en juillet dernier, dans le sous-sol du bar Le Verre Bouteille, que l’aventure a débuté. "On a organisé un ladies night auquel on a invité le plus grand nombre possible de femmes à se faire prendre en photo, en échange d’une bière", raconte LeBlanc. Cent seize femmes ont répondu à l’appel et Christian Perreault, photographe attitré de 200 Épreuves, les a immortalisées.

Voyageant dans les valises de LeBlanc, ces femmes ont traversé l’Atlantique. Elles se sont retrouvées dans un petit village de Bourgogne. "Je me suis enfermé pendant une semaine dans une chambre d’hôtel. J’avais les 116 photos en format 81/2 x 11. J’ai placardé trois murs de ma chambre des photos de toutes ces femmes. La première nuit, j’ai fait des cauchemars, il y avait trop de femmes autour de moi! Mais le feeling était incroyable… Tu as l’impression que chacune des femmes est en train de te regarder", explique le cofondateur de Mâle/Femelle, qui soupçonne d’être passé pour un psychopathe aux yeux de la propriétaire de l’hôtel.

Une fois ses murs tapissés de photos, LeBlanc les a décrochées une à une et a écrit. Chacune des 116 femmes a eu droit à un nom fictif et une histoire inventée. "À la fin, j’ai fait des liens entre les histoires. Il y avait des éléments qui revenaient et j’ai construit mon texte à partir de ça."

Les mots du jeune auteur seront véhiculés sur scène par Martin Vaillancourt. Marianne Lamarre – également cofondatrice de Mâle/Femelle – incarnera quant à elle toutes les femmes dont il est question dans l’oeuvre. Son rôle est pratiquement muet. "Au départ, je croyais que la femme parlerait, mais en écrivant, c’est devenu le monologue d’un seul homme. Selon trois tranches d’âge – ses dix ans, ses vingt ans et ses trente ans -, il s’expose à travers les femmes qu’il a eues dans sa vie", explique LeBlanc.

La photo: actrice

Le metteur en scène a voulu que la photo "joue" dans la pièce, au même titre qu’un acteur. "Le but de Mâle/Femelle est de déconstruire le théâtre et d’utiliser d’autres médiums pour que le théâtre s’exprime. Dans ce cas-ci, on a utilisé la photographie. Le photographe est sur la scène, je dirige ses mouvements, il fait partie de ma mise en scène."

Tantôt il s’agit de clichés faits au préalable, tantôt de photos prises en direct et projetées sur la scène. Le personnage féminin se transforme au gré des clichés. "Elle devient une des femmes que le personnage principal raconte. Ce que l’on voit sur scène, ça se passe dans la tête de l’homme. Le photographe, c’est son double, sa vision."

Outre la photographie, 200 Épreuves est aussi une pièce où le mime, la performance et la musique (David Chassé) sont exploités. Malgré l’utilisation de diverses techniques, LeBlanc assure que le spectacle possède une facture très minimaliste. "La musique est minimale, la scénographie est minimale. Tout est constamment complémentaire au texte."

Du 8 au 19 mai
À Espace Libre
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