Martine Beaulne : Mangeuses d’eau
Martine Beaulne nous propose d’ouvrir la bouche pour Avaler la mer et les poissons, une comédie dramatique qui n’en est pas à ses premières vagues.
Écrite à quatre mains par les comédiennes de renom Isabelle Vincent et Sylvie Drapeau, Avaler la mer et les poissons a été créée à l’automne 2005 par le Théâtre de la Manufacture. Depuis, la pièce ne cesse de susciter l’enthousiasme du public et de récolter les éloges d’une critique conquise. La recette? On a envie de dire qu’il n’y en a pas, puisque toute véritable création procède d’un parcours profondément intime, niant l’idée même de répétition et donc de recette, et c’est justement dans cette base d’authenticité que la pièce puise sa force et sa pertinence.
À propos du processus d’écriture, la metteure en scène Martine Beaulne, également conseillère auprès des deux auteures lors de cette première étape, se réjouit d’un phénomène plutôt rare dans le monde du théâtre: "La pièce a connu un parcours unique, il n’y avait pas de délais à respecter, pas de commande à l’origine des démarches de travail, on avait le champ complètement libre. On a eu le temps de réfléchir, de respirer, d’expérimenter, donc la pièce a longuement mûri, elle a fait son chemin. On a organisé des lectures et des ateliers avant d’en arriver à une version définitive du texte et de pouvoir offrir un spectacle approfondi, soigné et nuancé."
Deux femmes dans la quarantaine, Ariel (Isabelle Vincent) et Kiki (Sylvie Drapeau), "les meilleures amies du monde", ressentent une inextinguible soif envers les choses de la vie, une soif enragée et passionnée. Elles recherchent l’intensité, le bonheur, l’amour, la liberté. L’une est engagée dans la politique, l’autre dans l’art; toutes deux, à leur manière, sont idéalistes, animées par différentes ambitions, différents rêves et projets. Mais l’existence est injuste – ça n’étonne plus personne -, et tandis que Kiki s’épanouit dans sa vie professionnelle, amoureuse et artistique, Ariel traverse une période trouble, ce qui propulse l’amitié entre les deux femmes sur les pentes de la trahison et de la jalousie. "Malgré la thématique du deuil, malgré les peines, les chagrins et les difficultés qui y sont abordés, explique Beaulne, Avaler la mer et les poissons est un hymne à la vie, une rafraîchissante ouverture à l’espoir." La clé étant ici de jouer sur les contrastes entre le drame et l’humour, de savoir allier la grande sensibilité de l’écriture, utilisant une langue "travaillée et poétique mais toujours très concrète", à des situations cocasses, voire grotesques. Denis Bernard et Daniel Gadouas incarnent par ailleurs les rôles masculins de l’histoire, des hommes aimants, forts, capables d’affirmer plutôt que de douter sans fin comme la dramaturgie québécoise de la dernière décennie les a fréquemment dépeints. "Et ça, d’ajouter la metteure en scène, ça fait vraiment du bien dans le théâtre. Autant les hommes que les femmes sauront se retrouver dans les personnages de la pièce."
Du 8 au 19 mai
Au Théâtre Périscope
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