La Leçon d'histoire : Telle est la question
Scène

La Leçon d’histoire : Telle est la question

Avec La Leçon d’histoire, Alan Bennett nous demande de sculpter notre propre opinion, de nous questionner et de nous abandonner aux propositions. Une pièce qui retourne aux sources sans basculer dans la nostalgie.

On croirait que l’on parle de huit jeunes élèves qui préparent leur examen d’entrée à Oxford ou Cambridge, de deux professeurs aux méthodes en apparence opposées et d’un système scolaire élitiste qu’il fait bon de remettre en question. En y regardant de plus près, il semble qu’on y parle aussi, et davantage, de la notion d’histoire et surtout de moeurs, avec en filigrane, une sexualité omniprésente qui plane dans l’esprit de chacun. Mais au fond, tout ça est peut-être un prétexte pour disséquer et comprendre ce qu’est l’apprentissage, et plus encore, pour analyser et affûter son propre regard.

Tout, dans la construction du texte de La Leçon d’histoire d’Alan Bennett, ainsi que dans la mise en scène de Serge Denoncourt, prend la forme d’une question. La beauté de ces personnages réside justement dans ce paradoxe: ils pontifient, affirment, jugent, mais ne demandent au fond qu’à être renversés par de nouvelles questions. Ils sont tous, sauf peut-être le directeur d’école campé par François Tassé, disposés à reprendre l’analyse de leurs affirmations selon un autre angle. Ce qu’ils font, c’est sculpter, façonner, modeler leur regard, et apprendre à l’appuyer.

En science, toute avancée théorique, tout système peut être renversé par une découverte ou une nouvelle compréhension, et bien que la pièce navigue dans les eaux de la poésie ou du théâtre, a priori, elle aborde les sujets de manière froide et scientifique, même avec l’histoire (l’holocauste) et avec des oeuvres apparemment viscérales (la poésie, entre autres). Et si on sort du théâtre en discutant et s’interrogeant sur des sujets fondamentaux, c’est parce que le texte, la mise en scène et les comédiens ont bien rempli leurs tâches.

Dans le rôle du professeur excentrique qui semble écrit sur mesure pour lui, Robert Lalonde touche et amuse. Gabriel Sabourin incarne peut-être à lui seul toute la pièce, en ce sens qu’il semble avoir été assez souvent déstabilisé pour, contre toute apparence, se remettre facilement en question. C’est aussi le plus énigmatique des personnages. Aussi, Renaud Paradis étonne et s’avère très attachant, et le public sera heureux de découvrir Olivier Morin qui, par ses qualités de chanteur et son éclat, paradoxalement, campe un magnifique souffre-douleur.

Jusqu’au 2 juin
Au Théâtre Jean-Duceppe
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