Le 6e Festival du Jamais Lu : La résistance s’organise
Le 6e Festival du Jamais Lu a pris son envol dans une ambiance de plaisir et de convivialité.
Avec le temps, le Festival du Jamais Lu est devenu une rencontre quasi incontournable entre public et créateurs de textes inédits, un rendez-vous intime et amical qui permet aux auteurs de partager leur vision du monde avec ceux qui ont soif de la découvrir. La ligne éditoriale de cette année: la résistance. Un thème qui évoque notamment la résistance des auteurs face à la facilité du silence.
La lecture des Molbatt, une pièce de l’auteur et comédien Patrick Drolet, a ouvert le bal, vendredi dernier. Le public a été témoin d’un étrange affrontement entre un comateux et son weirdo de fils – futur héritier de la microbrasserie Molbatt -, qui recourt à d’étranges rituels pour concocter un "liquide vivant" et fuir les traces de son paternel. Drolet prévoit écrire une trilogie basée sur cette histoire. Tandis que le jeune auteur prêtait sa voix au personnage du fils, l’excellente Violette Chauveau nous faisait crouler de rire dans le rôle d’une waitress asiatique et Alexis Martin se payait du bon temps dans la peau d’un téteux de bar paranoïaque. Depuis le coup d’envoi du Festival, le public a également pu assister à la lecture d’oeuvres d’Yvan Bienvenue, Fanny Britt, Anne-Marie Olivier, Jean-Philippe Baril-Guérard, Hala Moughanie et Justin Laramée. OEuvre de destruction, une pièce de Marcelle Dubois, cofondatrice du Festival, a aussi été lue. On y suit avec curiosité la singulière relation qui lie Mademoiselle, une archiviste médicale, et Alexandre, un soldat post-traumatisé en pleine crise.
Les traditionnels levers de rideau, courtes performances qui réchauffent la salle et multiplient l’effet de rassemblement, précèdent la lecture de quelques pièces. On a notamment entendu les textes de création parlés du slameur Ivy, la charmante histoire des grands-parents du comédien-peintre-chanteur Olivier Morin et la voix de la mezzo-soprano Isabelle Ligot. Le thème de la résistance a teinté la couleur du projet spécial de 2007. Sur fond de musique électro, Jacques Laroche, comédien et membre du Sous-marin jaune, a fait vibrer les murs de la salle comble du O Patro Vys grâce à des extraits audio et vidéo de grands orateurs, allant de Michel Chartrand à Martin Luther King, en passant par Hitler. Laroche a souligné le danger ou la beauté du pouvoir de la parole sur un auditoire réceptif, en plus d’encourager les auteurs de théâtre à profiter de la liberté d’expression dont ils jouissent.
JETER DES PONTS
Pour une première fois au Jamais Lu, les organisateurs de l’événement offrent officiellement une tribune à des auteurs étrangers. Le volet international s’est ouvert mercredi avec la lecture du texte Tais-toi et creuse! que la Libanaise Hala Moughanie a écrit dans un contexte de guerre, à l’été 2006. Le 10 mai, L’autre bord du Togolais Jean Kantchébé et Séuta du Béninois Euloge Beo Aguiar – où s’entrecroisent sujets intimes et politiques – résonneront à leur tour. Les spectacles seront précédés d’une table ronde portant sur l’acte d’écrire dans un pays au contexte sociopolitique instable, là où la lutte et la résistance sont des réalités quotidiennes.
À voir aussi: les pièces Horreur et Ravissement d’Emmanuelle Jimenez (Du vent entre les dents), Béréniceadeuxsoeursquines’aimentpas d’Emmanuel Schwartz, Charles et Berthin de Stephan Cloutier et le cabaret de clôture animé par Geoffrey Gaquère.
Jusqu’au 13 mai
Au bar O Patro Vys
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