Daniel Brooks : Habitat naturel
Daniel Brooks, directeur de la Necessary Angel Theatre Company de Toronto, présente, dans le cadre du FTA, une fable écologique intitulée The Eco Show.
Ce spectacle, il y a des années qu’il hante l’esprit de Daniel Brooks. Devant l’état actuel de la planète, il ne pouvait faire autrement que de le porter à terme. L’idée de donner à sa création un angle écologique allait de soi. "A priori, on associe environnement et gauchisme. Mais ça devient une préoccupation générale. L’écologie fait partie intégrante de notre culture".
Si The Eco Show aborde les problèmes environnementaux, Brooks se défend bien d’avoir signé un pamphlet vert. "Ce n’est pas un film d’Al Gore! Les gens ont suffisamment d’informations sur l’environnement en lisant les journaux. Je n’ai pas à en rajouter. Non, je m’attarde plutôt à la façon dont plusieurs d’entre nous vivons avec ces informations. Je regarde comment les êtres humains vivent avec ces changements difficiles." Autrement dit, pas de militantisme, ni de moralisme. Brooks n’est pas là pour donner des leçons, mais pour observer de quelles manières les humains vivent avec leurs choix, et comment ils les partagent avec les autres. "Chacun a sa propre idée de ce qui est moral et de ce qui ne l’est pas. Ce qui est intéressant, ce sont justement ces énormes différences de perception."
ACTIONS ET RÉACTIONS
Mise en scène par Daniel Brooks et son complice Chris Abraham, The Eco Show est décrite comme un vivarium: elle ausculte la vie d’une famille, examine comment l’écologie de celle-ci est affectée par l’écologie de la Terre. "La pièce pose un regard sur différents écosystèmes, la famille en étant un. L’écologie de la Terre et l’écologie de la famille font partie d’un grand écosystème. Ce qui m’intéresse, c’est l’interaction des organismes entre les écosystèmes."
Le créateur se penche également sur la nature des interactions entre les êtres humains. Il mentionne, à titre d’exemple, le comportement des adultes avec les enfants. "Tu peux donner aux enfants des instructions très rationnelles et très précises sur la façon de faire face à une situation conflictuelle. Mais ce que l’enfant va réellement retenir, c’est comment les instructions sont amenées. Plus que les mots, le comportement a un impact sur le message que l’on veut porter. Je crois qu’en ce sens, on peut faire un parallèle avec les interactions dans un écosystème."
À l’écoute du dramaturge et metteur en scène, il est tentant d’établir un autre parallèle: le théâtre pourrait être considéré comme un écosystème en soi. Brooks estime que l’essence même de son art se situe dans la relation entre l’artiste et le public. En tant qu’homme de théâtre, il aime donner des indices, ne pas trop dévoiler d’informations. D’un ton poétique, son texte offre de multiples possibilités.
"Le récit est rempli d’imprécisions. Par exemple, la situation de la famille n’est pas tout à fait expliquée. Il y aussi des sauts dans le temps, sans que l’on explique où et quand. Je veux laisser le spectateur deviner, j’aime que les gens aient diverses idées sur ce que peut évoquer la pièce."
CV
Directeur artistique de la Necessary Angel Theatre Company depuis 2003, Daniel Brooks est né à Toronto en 1958. Artiste versatile – à la fois auteur, metteur en scène et acteur -, il est sans contredit l’une des figures de proue de la scène théâtrale torontoise. Ses pairs reconnaissent son goût du risque et de l’innovation. Règle générale, ses créations combinent rigueur intellectuelle et mise en scène audacieuse. Oeuvrant dans le milieu depuis près de trente ans, Daniel Brooks s’est vu décerner quantité de prix. Parmi eux, le Prix du Gouverneur général en 1992 (pour un ouvrage intitulé The Noam Chomsky Lectures), celui de la meilleure production du Festival Fringe d’Edimbourgh (1996) et le Prix Siminovitch, le plus prestigieux prix de théâtre au Canada, dont il a été le premier lauréat. Plusieurs de ses pièces, The Lorca Play, Insomnia, Cul-de-sac et Half Life, ont été présentées au FTA.
Du 29 au 31 mai
À l’Usine C
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