Sarah Chase : Du côté de chez Sarah
Sarah Chase nous invite à trois aventures extraordinaires dans le cadre du FTA. La danseuse-conteuse propose une expérience pénétrante où la chair et le verbe ne font qu’un.
Sarah Chase est très vraisemblablement la plus bavarde des chorégraphes. Pendant longtemps, elle a dansé sans rien dire. Mais depuis toujours, elle est fascinée par les souvenirs très précis que le mouvement fait surgir de sa mémoire, à l’instar de l’odeur des célèbres madeleines de Proust. "Je tourne la tête dans une direction et je revois les particules de poussière que j’observais dans la lumière quand j’avais trois ans. Je bouge un bras et je me remémore les termes d’une conversation que j’ai eue, raconte la Torontoise d’origine aujourd’hui établie à Vancouver. C’est comme remonter le temps à travers mes sensations."
Depuis que Benoît Lachambre a créé un solo pour elle en la faisant parler de sa vie, Sarah Chase raconte des histoires. Toujours des histoires vraies. Comme les 32 anecdotes personnelles qu’elle livre à l’unité, à un spectateur à la fois, dans la pièce A Small Room, offerte dans le Labo de l’Agora en plus du programme principal. Ou encore, comme dans la série de Portraits créés au domicile des personnes dont elle s’est inspirée. "Chaque personne que j’ai interviewée avait des histoires extraordinaires à raconter que je n’aurais pas pu inventer, explique-t-elle pour justifier son choix. Et puis, la sagesse traditionnelle dit que tout ce que tu peux observer chez quelqu’un reflète la vérité de beaucoup d’autres choses et de beaucoup d’autres gens."
C’est sans doute ce qui explique que le public soit généralement profondément touché par les oeuvres de Sarah Chase. La concentration extrême qu’exige le fait de parler et de danser en même temps contribue également à la force de l’expérience. "Les deux hémisphères de mon cerveau doivent se coordonner de façon très inhabituelle, analyse la chorégraphe-interprète. Ils doivent dialoguer très profondément et moi, j’ai l’impression d’atteindre un état de méditation parce que je ne peux pas être dans le contrôle: je dois faire confiance au processus et maintenir très clairement le focus sur mon mouvement et ma parole. Mais il y a toujours des croisements surprenants et je me sens presque spectatrice de ce qui m’arrive. Ça crée une forte connexion avec les personnes dans la salle."
UN DUO ET UN SOLO
Pour le FTA, la soliste danse pour la première fois en duo avec Andrea Nann. Dans A Certain Braided History, elles parlent de leur amitié qui, on le devine, s’est renforcée dans le processus. L’introspection est remplacée par un dialogue sensible avec sa partenaire. Comme à son habitude, Sarah Chase a créé une partie de sa gestuelle fluide et rythmée en calquant certains mouvements sur les paroles d’une chanson. Pour le solo de la très charismatique Peggy Baker, The Disappearance of Right and Left, elle a beaucoup joué sur des effets d’optique avec les bras. Là encore, des tranches de vie nous sont livrées. "Les mots n’ont jamais été écrits, mais il y a une architecture textuelle que Peggy connaît, explique Sarah Chase. J’aime que les mots puissent émerger sur le moment pour révéler la structure définie de l’histoire." À ceux qui ne parlent pas anglais, elle recommande d’aborder son travail comme une chanson dont les mouvements constitueraient la musique et dont les mots seraient les paroles. Nul besoin de comprendre: il n’y a qu’à se laisser porter.
Du 29 au 31 mai
À l’Agora de la danse
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