Estelle Clareton et Catherine Tardif : Langage corporel
Estelle Clareton et Catherine Tardif signent Disparition et Glam, les deux volets du 25e spectacle annuel de l’École nationale de cirque.
Cette année, l’École nationale de cirque, un établissement qui affiche un taux de placement impressionnant de 95 %, fête ses 25 ans d’existence (pour souligner cet anniversaire, Désir(s) de vertige, un livre signé Pascal Jacob et Michel Vézina, vient d’ailleurs de paraître aux 400 coups). Pour mettre en scène son spectacle annuel, une édition plus festive que jamais, l’École fait une nouvelle fois appel au savoir-faire de la danse. Cette fois, ce sont les chorégraphes Estelle Clareton et Catherine Tardif qui ont accepté d’orchestrer les efforts des 16 finissants et des élèves de deuxième année qui les accompagnent.
Comme les arts du cirque intègrent de plus en plus souvent des scènes chorégraphiées et des mouvements se rapprochant de la danse, quoi de plus naturel que d’engager des chorégraphes pour diriger l’événement. Pourtant, Catherine et Estelle, qui n’ont d’ailleurs pas encore vu le volet de l’autre, n’ont pas intégré de danse à proprement parler dans leurs tableaux. "Pour moi, ça s’inscrit assez bien dans l’évolution de mes recherches", affirme Catherine, qui explore depuis quelques années des formes peu orthodoxes. "Il s’agit d’un moment charnière, confesse Estelle, d’une plaque tournante. Ce spectacle me fait l’effet d’une libération et me permet d’accéder à de nouvelles approches."
Les deux pros de la scène, habituées à la danse et au théâtre, doivent ici composer avec de nouveaux interprètes et de nouveaux médiums, un nouveau langage et une autre méthode de travail. "Les finissants sont habitués de jouer et d’explorer seuls, affirme Estelle. Aussi, on travaille dans de grands espaces où il est facile de se disperser." Difficile de rassembler des circassiens dont chaque spécialité nécessite son espace. "Ce que j’ai surtout appris, poursuit Catherine, c’est d’accepter le chaos. Et la joie qu’on y retrouve. S’il y a peu de moments d’intimité pour travailler le jeu avec un interprète, je découvre en revanche autre chose. Et j’ai fini par trouver cela plutôt amusant de gérer le chaos!" Estelle, qui a intitulé son volet Disparition, semble fascinée par les nouvelles possibilités qui s’offrent à elle: "Au niveau du corps, au niveau des disponibilités spatiales et des formes exploitables, ça me fait rêver! Et l’envol – j’ai une équipe composée de plusieurs aériens -, c’est magique!"
Intitulé Glam, le volet de Catherine met en scène des excentriques et des androgynes qui percutent un monde plus strict, celui des finances: "Dès le départ, j’ai construit un monde, un univers où les prouesses pouvaient surgir en tout temps, sans que cela ne fasse trop curieux, sans qu’on se questionne sur un objet qui est justement fait de contrastes perpétuels. À certains moments, on parle presque de dramaturgie." Estelle s’est moins interrogée sur la trame narrative de son segment: "Les extraordinaires possibilités des interprètes permettent l’éclatement de la structure! J’ai donc essayé de moins me questionner sur l’aspect narratif et de miser sur l’explosion physique." Après tout, le corps aussi raconte.
Du 7 au 17 juin
À la Tohu