Neuf : Renaissance italienne
Scène

Neuf : Renaissance italienne

Neuf, une comédie musicale sauvée du naufrage par la ferveur de ses interprètes.

Neuf, c’est l’histoire de Guido Contini, un réalisateur prisonnier d’une crise de la quarantaine qui bouleverse sa vie amoureuse et professionnelle. Angoissé, incapable de choisir, l’homme veut jouir de tout, obtenir le succès, l’inspiration, l’amour et la passion. Séducteur invétéré, il est entouré d’une galerie de personnages féminins hauts en couleur: une épouse, une amante, une productrice, une critique, des paparazzis et des comédiennes qui lui donnent du fil à retordre. Au gré des numéros, en chantant et en dansant, Guido se réconcilie avec sa nature profonde, accepte finalement de "devenir grand".

Contrairement à ce qui a été annoncé, Neuf doit bien peu au 81/2 de Federico Fellini. Il n’y a pas, dans ces personnages archétypaux et cette intrigue sommaire, le millième de l’inventivité du film réalisé par le cinéaste italien en 1963. Cela dit, la comédie musicale d’Arthur Kopit et Maury Yeston, habilement traduite par Yves Morin, contient tout de même de l’humour, de l’ironie et des airs ravissants. Malheureusement, Denise Filiatrault et ses concepteurs entraînent cette matière première sur le territoire de la caricature, au coeur d’un cirque tapageur: le décor semble de carton-pâte, les costumes sont seyants mais pompiers, les chorégraphies sont conformistes et les arrangements musicaux manquent singulièrement d’ampleur et de raffinement.

En Guido Contini, Serge Postigo trouve un rôle taillé pour lui, un emploi qui mise sur son charme naturel. Le problème, c’est que son interprétation, comme celle de plusieurs acteurs, tient de la surenchère, voire du cabotinage. Pas évident d’être ému par le destin de personnages aussi risibles. Heureusement, le talent des comédiens sauve souvent la mise. Catherine Sénart, sublime réincarnation de Claudia Cardinale, chante divinement. Danièle Lorain, truculente fille de joie, illumine une fois de plus la scène de sa présence et de sa voix. Patsy Gallant est sous-utilisée, mais toujours juste. Dans la peau de la productrice française, Karine Belly a du chien et d’interminables jambes dont elle sait indéniablement se servir. Quant à Hugo Touma, le garçon qui incarne Guido enfant, il est tout simplement craquant. En somme, Neuf divertit sans ravir, laisse cruellement entrevoir le spectacle dosé et sensible qu’il aurait pu être.

Jusqu’au 16 juin
Au Théâtre du Rideau Vert

Du 26 juin au 7 juillet
À la Salle Pierre-Mercure

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