Terre d'accueil : Coeurs ouverts
Scène

Terre d’accueil : Coeurs ouverts

Le projet d’animation théâtrale Terre d’accueil, initié par le Théâtre de la Vieille 17, se conclut avec trois représentations devant public. Rencontre avec son instigatrice, la directrice artistique Esther Beauchemin.

Voilà trois ans qu’Esther Beauchemin caressait cette idée d’inviter les immigrants francophones de la région à prendre la parole dans une création artistique. "Par intérêt pour l’être humain, qu’il habite à l’autre bout de la planète ou dans la maison d’à côté", disait-elle au départ. Mais aussi, "pour contrer l’ignorance et secouer l’indifférence".

Le projet a fait du chemin depuis… Une première assemblée de consultation avait lieu en mai 2006 dans le but de dégager les thèmes de la pièce de théâtre. En novembre dernier, l’idée était lancée au grand public… On fit alors appel à des artistes professionnels pour encadrer le tout et hop! une équipe d’une vingtaine de comédiens en herbe – dont plusieurs d’origine africaine ou antillaise – de 16 à 60 ans prenait forme! "C’est très éclectique comme bande: il y a des talents d’écrivain, de chant, des musiciens, des danseurs! C’était fantastique de découvrir l’histoire de ces gens-là, et avec quelle générosité ils nous l’ont dévoilée; c’est souvent des souvenirs très douloureux… Il y a des histoires là-dedans… c’est pas arrangé avec le gars des vues! C’est très plausible!" s’exclame-t-elle.

Les six semaines qui ont suivi ont donc été faites d’improvisations et de récits d’anecdotes de toutes sortes, servant à inspirer les auteures Michèle Matteau et Esther Beauchemin, qui se sont penchées sur cette "mosaïque composée des fragments de vie de chaque participant, colorée par leur personnalité et leurs talents": "On a élaboré des personnages en faisant une espèce de jeu pour trouver les quêtes qu’ils pouvaient avoir. Ce travail nous a amenées à imaginer des histoires de vie pour chacun d’eux. On a ensuite fonctionné par thèmes. On suit, d’un bout à l’autre du spectacle, les péripéties, les aventures des personnages qui arrivent au Canada pour différentes raisons. Il y en a qui restent, il y en a qui veulent partir. Ça raconte vraiment des histoires par le vrai, le vécu, par l’émotion. C’est pas pris de haut ni de l’extérieur. C’est pris de l’intérieur."

En cours de route, l’équipe a aussi choisi d’utiliser le choeur, ce qui lui permettait d’entrer dans un tout autre registre: "Ce sont deux types d’écriture complètement différents. Les scènes où on rencontre les personnes sont réalistes, et le travail de choeur est à un tout autre niveau, il est beaucoup plus allégorique, poétique, et il nous permettait d’aborder des thèmes différents."

Les autres professionnels à avoir mis la main à la pâte sont Isabelle Belisle à la mise en scène, ZPN à l’environnement sonore, Jake Hannah à la vidéo, Guillaume Houët aux éclairages et Normand Thériault à la scénarisation et aux costumes. Tous ont été touchés par l’aura d’optimisme contagieux des participants. "Il y a eu un effet dominos, je dirais. Ce n’est pas qu’on voulait que ce soit un spectacle modeste, mais on ne savait pas quelle ampleur ça allait prendre. Il fallait trouver la façon de faire les choses qui soit la plus inclusive possible. On voulait inclure tout le monde, que chacun puisse apporter son eau au moulin. […] Même ceux qui ne pouvaient être présents aux répétitions et dans les représentations; ils sont là en projection vidéo!" note avec emballement Esther Beauchemin. La suite de cette belle histoire d’entraide et d’échange prendra vie sur les planches, pour trois représentations, après quoi la troupe bigarrée se produira à Sudbury et Toronto.

Les 9 et 16 juin à 20h
Le 10 juin à 14h
À La Nouvelle Scène
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