Théâtre CRI : Lorsque surgit le CRI
Guylaine Rivard fait le point avec nous sur les 10 ans d’existence du Théâtre CRI. Retour à cette époque où le CRI surgit.
Déjà. Dix années à expérimenter la magie du corps, ses possibilités d’interprétation. Guylaine Rivard, directrice artistique et moteur inépuisable du Théâtre CRI, accepte de revenir avec nous sur les traces de cette décennie de recherche et de création théâtrales.
C’est en 1997 que le CRI (Centre de recherche et d’interprétation en arts de la scène) se fit entendre pour la première fois. Après avoir appris et travaillé auprès des grands – dont Larry Tremblay, dramaturge et homme de théâtre, ainsi que Pol Pelletier, cofondatrice du Théâtre Expérimental de Montréal et du Théâtre Expérimental des Femmes -, Guylaine Rivard revenait en région avec un désir très prononcé: "J’étais décidée à créer quelque chose." Il y eut d’abord le Théâtre de la Suggestion, cofondé avec Bernard Vandal, aussi membre fondateur du Groupe Sanguin, Patrice Tremblay et Serge Potvin, qui avait pour objectif la création de théâtre expérimental. C’est lorsque Serge Potvin et Guylaine Rivard se sont retirés, apparemment pour des raisons de divergence de points de vue, qu’ils ont créé ensemble le Théâtre CRI.
"L’objectif, dès le départ, c’était plus de faire de la recherche sur le travail d’acteur, d’essayer de faire un théâtre axé sur le jeu, pas nécessairement sur les décors. C’était vraiment un théâtre s’intéressant à l’interprétation. Et aussi, il y avait le volet de la formation, du perfectionnement, qui était, pour moi, une idée intéressante à développer dans la région, à l’époque. C’était vraiment les points de départ de cette compagnie-là."
Déjà, lors de la première création du Théâtre CRI, Du bec et des ongles (1997), le ton était donné. Le processus de création, qui cherchait à promouvoir une exploration des possibilités d’interprétation, exigeait un approfondissement qui ralentissait nécessairement le travail. Sous la forme d’un laboratoire, on expérimentait différentes avenues qui n’allaient pas de soi, au risque de se tromper et de devoir réinventer son jeu. "On ne voulait pas nécessairement faire une production… Ce serait prêt quand ce serait prêt…"
Selon la directrice du CRI, la réponse du public avait alors été assez encourageante pour qu’on se lance dans un nouveau projet. Et depuis, cette histoire d’amour ne fait que se confirmer. "Ce qu’on proposait sur le plan esthétique, c’était assez dénudé, mais en même temps il y avait quand même la proposition d’un espace scénique… Le tout avec très peu de moyens." Évidemment, sans le faste que s’accordent certaines productions, et surtout, lorsque les conventions et la trame narrative ne sont plus considérées comme des contraintes incontournables, il ne faut pas s’attendre à rejoindre un très large public. Mais il y a certainement des adeptes de ce genre de théâtre dans la région: "Les gens en ont déjà vu, ici, des productions du même genre. Ça s’est fait. Les Têtes Heureuses font tout ça, aussi. Le théâtre, ça demande un effort, peu importe de quel type de théâtre il s’agit."
LES ÉCHOS FUTURS
Le 10e anniversaire du Théâtre CRI sera souligné en bonne et due forme lors d’un 5 à 7 bénéfice, le 7 juin, à la salle Pierrette-Gaudreault. Mesdames Janine Sutto et Sylvie Patoine ont accepté d’être associées à l’événement, et des saynètes tirées de l’oeuvre de Gilles Latulippe seront jouées pendant la soirée.
S’il est important de souligner cet événement, il ne faut toutefois pas le voir comme un tournant, à peine comme un seuil. C’est dans la continuité que l’avenir se dessine. Certains retours en arrière pourraient même se produire. Pour Guylaine Rivard, Catatonie (1999) est une pièce qui n’a pas vécu tout ce qu’elle avait à vivre. "Le processus et le résultat étaient prometteurs, et sont encore prometteurs. Ça parle de choses qui résonnent dans notre société… De solitude…" Il est donc possible que le travail soit repris, avec une nouvelle équipe de comédiens et l’expérience d’une décennie de recherche en interprétation. D’ici là, le CRI travaillera en collaboration serrée avec Hervé Bouchard pour faire une transposition théâtrale du roman de ce dernier, Parents et amis sont invités à y assister. Un projet déjà chargé de promesses. Mais auparavant, Éric Chalifour assurera la mise en scène de la prochaine production du CRI, un travail qui pour l’instant porte le titre d’Incarcérations et qui s’intéressera au thème des "prisons intérieures".
Les prochains mois seront chargés pour Guylaine Rivard qui, entre autres, reprendra le rôle de la Mort dans la production Festin (Masque de la production régions 2006), qu’on pourra revoir entre le 11 juillet et le 11 août. De plus, associée avec Dany Lefrançois et Sarah Moisan sous le collectif Chasse-pinte, elle se rendra en Italie pour proposer la pièce Kiwi.
5 à 7 bénéfice
Le 7 juin
À la salle Pierrette-Gaudreault
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Daniel Danis: «Guylaine Rivard et ses complices du Théâtre CRI renouvellent la marionnettique et le théâtre d’objets en se démarquant par une modernité singulière et une originalité comparables à celles de compagnies internationales empreintes de la même exigence. Je suis honoré que leur proposition scénique d’un de mes textes intitulé Kiwi soit présentée prochainement en Italie. Je souhaite au Théâtre CRI et à Guylaine, artiste de grand talent si courageuse dans sa quête de création, une longue vie artistique!