Patrice Bélanger : Mission impossible
Scène

Patrice Bélanger : Mission impossible

Patrice Bélanger est de retour pour un deuxième été consécutif au Théâtre des marguerites. Cette fois, au lieu d’un gars superficiel, l’énergique comédien incarne un terroriste un peu naïf qui s’insurge contre les canons de la beauté. Adieu beauté!

Cette année encore, le Théâtre des marguerites visite des sujets qui portent à réflexion avec Adieu beauté de François Archambault, production mise en scène par Stéphane Bellavance (nouvellement papa!). Comme dans Ton Amour est trop lourd, on y décrie la place un peu trop importante qu’on accorde à l’apparence physique. Mais plutôt que d’insister sur la rondeur, on s’attaque à l’enveloppe corporelle au grand complet. On médite sur la beauté et la laideur. Et on le fait d’une manière pour le moins spectaculaire en assistant au kidnapping de Miss Banlieue, la vedette d’une émission de téléréalité, par deux terroristes. Un enlèvement qui prend une tournure inattendue.

"Le désir des personnages terroristes, amorce Patrice Bélanger (Roméo et Juliette, Bon Cop, Bad Cop), c’est de casser un peu ce mythe des standards que sont ceux de la beauté. Qui a décidé qu’est-ce qui est beau et qu’est-ce qui est laid? Pourquoi ça existe, la beauté et la laideur, et tous les stéréotypes américains et internationaux auxquels on essaye de se fondre jour après jour, soit les gros seins refaits et les petites tailles de guêpe? Le FILPED (le Front international de libération des personnes esthétiquement défavorisées) est la fondation criminelle qu’ils ont mise sur pied pour critiquer tout ça." Dans cette comédie dramatique, celui qui partage la scène avec Patrice Dubois (Les Poupées russes, Le Plateau) et Christine Beaulieu (La Vie avec mon père, Les Invincibles) campe Champoux, l’un des deux ravisseurs. "C’est le naïf de service, le gars qui pose la question de trop", commente-t-il alors qu’il roule en direction d’une répétition. Le comédien-humoriste avait tout simplement charmé le public avec son personnage survolté de Phil l’année dernière. Existe-t-il des liens de parenté entre celui-ci et son nouveau rôle? "J’essaye de l’éloigner un peu de Phil, évidemment. Mais je suis quand même quelqu’un d’assez énergique à la base et d’un peu nerveux – pas dans le sens angoissé; je fais des mouvements secs. J’essaye de le détendre un peu, mais il y a peut-être certains traits qui vont rester malgré tout…"

CRUELLE BEAUTÉ

On nous en avertit dès le départ, le kidnapping ne se déroulera pas comme prévu. Sans qu’on nous révèle le punch, on peut être tentés de savoir pourquoi. "Le but des deux terroristes est d’essayer de renverser ça (les stéréotypes), de se demander qu’est-ce qui arriverait si ce qui était supposément beau devenait laid? Et inversement. Donc c’est un constat un peu affreux qu’ils font, car ils se rendent compte que bien qu’on arrive à inverser l’idée de beauté et de laideur, on est quand même pris dans des stéréotypes, dans un carcan; on est quand même victime d’un idéal à atteindre. Même si on renverse les standards, il y a juste celui du milieu qui reste normal!" sourit Bélanger. "Le message, s’il en est un, c’est de s’accepter tel qu’on est. On vaut tellement plus qu’une couleur de yeux, qu’une forme physique ou qu’une silhouette. […] Les défauts physiques sont parfois faciles à remarquer, mais derrière ces quelques traits de travers, qui peuvent être dans le fond un grand charme pour quelqu’un ou chez quelqu’un, peuvent se cacher de merveilleuses qualités. Et derrière une beauté fatale peut se cacher une merde! Il faut se regarder et accepter la réflexion qu’on voit dans le miroir."

MIROIR…

Selon l’ancien coanimateur de Banzaï!, François Archambault maîtrise l’art de sonder l’âme humaine et d’en faire ressortir les forces et les faiblesses. Il constate d’ailleurs que sa plume a un je-ne-sais-quoi qui rappelle vaguement Yvon Deschamps. "Tu ne pouvais pas sortir de son spectacle sans avoir des réflexions", dit-il en parlant de ce dernier. "Il y a un peu de ça dans l’écriture de François. Tu ris, mais ce n’est jamais gratuit. Ce n’est jamais un gag pour un gag ni une tarte à la crème dans la face!" Il enchaîne: "J’aime beaucoup l’écriture de François Archambault, qui arrive à provoquer le rire tout en ayant toujours un deuxième et un troisième niveau."

Du 21 juin au 1er septembre
Au Théâtre des marguerites