Théâtre des Petites lanternes : C'est pas des paroles en l'air
Scène

Théâtre des Petites lanternes : C’est pas des paroles en l’air

Ces jours-ci, le Théâtre des Petites Lanternes repousse les limites du théâtre à portée sociale avec La Grande Cueillette des mots, c’est pas des paroles en l’air; une production créée à partir des écrits de quelque 750 citoyens sherbrookois.

Les représentations de la Grande cueillette des mots, qui ont lieu jusqu’à samedi au Centre Julien-Ducharme, représentent l’aboutissement de quatre ans de recherche et de développement menés par la directrice artistique du Théâtre des Petites Lanternes, Angèle Séguin. Avec cette création, la femme de théâtre a cherché à "pousser le travail artistique le plus loin possible tout en le rapprochant le plus possible du social".

Tout en s’imprégnant de voyages au Congo, en France et en Amérique du Sud, Angèle Séguin en est venue à développer sa propre méthode de travail, aidée en cela par sa précieuse équipe aux Petites Lanternes. Une méthode qui fera peut-être même école, puisqu’elle a été invitée à parler du projet lors du prochain congrès de l’International Drama/Theatre and Education (IDEA), qui se tient en juillet à Hong Kong. "On a développé quelque chose, lance-t-elle, mais je ne pensais pas que ce serait aussi unique."

750 AUTEURS

La Grande Cueillette des mots s’est réalisée lors d’ateliers durant lesquels les écrivants, comme les appelle l’équipe des Petites Lanternes, étaient invités à s’exprimer sur des thèmes comme "prendre le temps", "ma place", "les peurs", "pareil, pas pareil" et "au-delà des apparences". Les carnets ont ensuite été soigneusement recueillis par la compagnie de théâtre. "On a reçu presque 4000 pages d’écriture", souligne Angèle Séguin. Avec son équipe, elle a condensé le contenu pour graduellement en arriver à un texte qui puisse se prêter à la scène. Le spectacle est monté par tableaux, chacun correspondant à un thème. "Il y a une énergie très différente d’un tableau à l’autre", observe Angèle Séguin.

PERSONNAGES COLORES

Les paroles sont livrées par des personnages fort colorés. "On a construit des personnages qui n’existent pas, mais qui ont une personnalité propre. Ça va nous permettre de donner toute la force des textes", estime la metteure en scène, rencontrée en pleine répétition.

Engagés dans le processus de création depuis plus d’un an, les comédiens ont eux-mêmes rempli les carnets de paroles pour amorcer la recherche sur les personnages. "Ça été une très, très grosse recherche, admet Angèle Séguin. On s’est permis de la faire, sinon, on serait restés dans des avenues connues."

Les interprètes ont été amenés à se questionner sur la couleur qui les habitait lorsqu’ils songeaient à l’énergie de leur personnage. Habillé en rouge, Alexandre Tessier joue un macho. Le vert dont Alexandre Leclerc est vêtu représente la marginalité d’un être en quête de reconnaissance sociale. En violet, Viviane Champagne porte les préoccupations des personnes âgées. Avec son costume orangé, Sylvie Baillargeon incarne une créature à mi-chemin entre la réalité et le rêve. Et en bleu, Amélie Bergeron incarne le rôle d’un individu qui reste dans l’ombre et n’arrive pas à se tailler une place sous le soleil. "Ils se sont laissés modeler avec une générosité incroyable, souligne Angèle Séguin. Je les ai beaucoup questionnés et je leur ai donné des devoirs. On a arrêté le choix des personnages en décembre 2006."

En créant les personnages, l’équipe des Petites Lanternes gardait en tête de redonner à entendre la parole brute des citoyens. C’est pourquoi les comédiens jouent textes en main. "Je pense que c’est une question de respect, estime Angèle Séguin. Les personnages font office de porte-voix."

LES CONCEPTEURS

Si les comédiens se sont investis corps et âme dans le travail, les concepteurs ne sont pas en reste et ont participé de très près à plusieurs étapes du processus.

Jean Francoeur a créé la structure sur laquelle évoluent les personnages; une structure qui rappelle des objets du quotidien, comme des jeux dans un parc, des échafauds ou encore une table. Catherine Archambault a guidé les acteurs dans la gestuelle et le mouvement. Enfin, Julie Béchard, qui signe la musique, agit presque comme un personnage dans la production. "C’est sûrement le travail qui nous a demandé le plus gros investissement. C’est un engagement énorme, note la metteure en scène. C’est une équipe généreuse qui croit à la mission du spectacle. C’est quelque chose qui fait beaucoup de sens pour eux. Tout le monde avance vers le même battement."

LES SUITES

Maintenant que le concept, les thèmes et les personnages sont développés, l’idée serait d’exporter La Grande Cueillette des mots dans d’autres villes, où les citoyens seraient invités à s’exprimer pour ensuite entendre leurs paroles sur scène. "Ce qu’on souhaite, c’est que le spectacle éveille un élément créateur chez les gens, lance Angèle Séguin. Tout le monde est un peu artiste. J’aimerais qu’il fasse prendre conscience que les créateurs ne se trouvent pas juste sur la scène."

Grâce à une entente avec les partenaires du projet La Grande Cueillette, les représentations au centre Julien-Ducharme sont offertes gratuitement. Il importe toutefois de réserver sa place au 819 346-4040.

Le 14 juin à 20h, le 15 juin à 13h et 20h et le 16 juin à 20h
Au centre Julien-Ducharme
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