Théâtre extrême : Vote populaire
Scène

Théâtre extrême : Vote populaire

Avec son Théâtre extrême, Jean-Guy Legault offre un reflet cruel et malgré tout tordant de notre société.

Sous la houlette de Jean-Guy Legault, les acteurs du Théâtre du Vaisseau d’Or, ce qu’il est convenu d’appeler une équipe de rêve, composent un parti politique haut en couleur. Pratiquant une forme particulièrement réjouissante de Théâtre extrême, une expérience d’où ils risquent à tout moment d’être éjectés, les neuf comédiens nous entraînent dans une course à la chefferie haletante, une épreuve captivante.

Malgré son caractère éminemment ludique, brillante réutilisation des principes du théâtre forum (ou même du théâtre d’intervention), le spectacle de Jean-Guy Legault présente de véritables qualités d’écriture. Bien sûr, devoir voter pour éliminer progressivement les candidats du Parti Populaire du Québec rappelle le caractère participatif des matchs d’improvisation. Mais la comparaison s’arrête là. Les acteurs du Vaisseau d’Or défendent une véritable partition, un texte qu’on ne saurait improviser.

Jamais Jean-Guy Legault n’aura si franchement abordé la politique, son dada, pour ne pas dire son obsession. Si le créateur se donne enfin la permission de parler politique sans retenue, sans détournement ni prétexte, le spectateur retire quant à lui un plaisir cathartique de ce Théâtre extrême. Jamais la politique n’aura été aussi humaine, aussi sensible, aussi captivante!

Sous nos yeux, neuf aspirants au titre de chef de parti – et ultimement à celui de premier ministre -, s’affrontent avec toute la lâcheté et la dignité dont les humains sont capables. Dans leurs propos, on reconnaît les formules de Boisclair, Dumont et Marois, mais aussi les idées de Legault, ses points de vue vindicatifs judicieusement disséminés et sainement débattus.

Ce qu’on identifie encore plus cruellement dans les choix souvent inexplicables des électeurs, ce sont nos paradoxes, nos irréfutables contradictions. Pourtant, on sort galvanisé de ce théâtre sportif. L’expérience semble d’ailleurs aussi réjouissante pour les acteurs que pour les spectateurs. Delphine Bienvenu, Marie-Lou Bujold, Vincent Côté, Jean-Marc Dalphond, Nancy Gauthier, Lise Martin, Thomas Perreault, Raphaël Roussel et Antoine Vézina nous offrent trois heures de rire intelligent. Avec autant de talent, de fougue et de pertinence, ce Théâtre extrême a tout pour devenir le grand succès de l’été.

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