Appelez-moi Stéphane : Art-thérapie
Scène

Appelez-moi Stéphane : Art-thérapie

Appelez-moi Stéphane, une pièce qui commence en vaudeville et se termine en drame.

Expert de la dramaturgie états-unienne et britannique, le metteur en scène Frédéric Blanchette croise ces jours-ci le fer avec Appelez-moi Stéphane, une pièce créée dans le Québec des années 80. Sur la forme, c’est-à-dire les références culturelles, sociales et politiques, mais aussi les vêtements, spectaculaires en soi, il faut bien admettre que la pièce fait son âge. Cela dit, en ce qui concerne le fond, autrement dit l’humanité incontestable des personnages, la comédie de Claude Meunier et Louis Saia, fable aigre-douce sur la manipulation, n’a pas pris une ride.

Au départ, il a cette galerie de personnages, deux hommes et trois femmes venus tromper leur solitude et combler leurs carences affectives en s’inscrivant à des cours de théâtre. Puis, débarque Stéphane, un professeur fumiste aux allures de gourou, un acteur raté et suffisant. Sous son emprise (le mot n’est pas trop fort), les apprentis comédiens vont faire la paix avec leurs petites névroses, entreprendre de régler leurs problèmes de couple ou d’identité. Malheureusement, le survenant va trahir la confiance de ceux et celles qui auront osé se livrer à lui, abuser cruellement de leur naïveté. Dans ce rôle de fourbe irrésistible, un emploi qui lui colle à la peau – c’est le cas de le dire! -, Antoine Bertrand offre une performance à saveur acrobatique. Clownesque en même temps que doté d’un puissant magnétisme, son Stéphane est hypocrite et enjôleur à souhait.

Victimes exemplaires, Jean-Guy, Réjean, Jacqueline, Louison et Gilberte payent cher leur goût pour le théâtre. Engagés malgré eux dans une démarche qui tient clairement du psychodrame, ils fouillent leurs vies personnelles afin de nourrir un vaudeville dont le revers, particulièrement amer, nous est dévoilé après l’entracte. Il y a de l’audace à conclure un spectacle d’été sur une note aussi dramatique, un anticonformisme qu’il faut saluer. Avec sa mise en scène plutôt sobre, Frédéric Blanchette prouve que la comédie grinçante de Meunier et Saia, en voie de devenir un classique de notre jeune dramaturgie, ne demande qu’une brochette d’acteurs talentueux et bien dirigés – Josée Deschênes, Isabelle Drainville, Martin Drainville, Luc Guérin et Catherine-Anne Toupin – pour passer la rampe.

Jusqu’au 25 août
Au Théâtre Hector-Charland

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