Les Chick’n Swell : Le vrai sens de l’ovni
Les Chick’n Swell, ambassadeurs par excellence de Victoriaville, font figure de phénomène au sein du paysage humoristique québécois. Petite histoire en forme d’anecdotes.
Connu du grand public grâce à sa série télé (le troisième larron était alors Simon-Olivier Fecteau), les Chick’n Swell sillonnent maintenant la province avec un spectacle multimédia où saynètes et chansons se succèdent à un rythme effréné. "Ça bouge beaucoup, c’est vraiment intense", observe Daniel Grenier. "On a écrit des sketches séparés, puis on a trouvé des running gags qui s’insèrent l’un dans l’autre et une fin qui englobe tout", explique Francis Cloutier. Un peu comme à la télé, quoi. Idem pour le bricolage des images, des mises en scène. "On fait du parachutisme, il y a une poursuite de char… illustre-t-il; ce sont des affaires qu’on n’est pas habitués de voir dans des shows d’humour."
PARTIR LE BAL
Quant à la manière dont tout cela a commencé… "Daniel et moi, on voulait participer à une soirée d’humour dans un bar à Victo, lance Francis. Là, le boss nous a fait auditionner et nous a dit: "Vous allez passer dans deux semaines, mais vous pouvez venir faire un tour dimanche prochain, si vous voulez." Alors on y est allés… Il avait pris trois de nos meilleurs gags! On était vraiment frustrés… Après, on a rencontré deux de nos chums et on a eu l’idée de monter un show ensemble." "Le directeur nous a prêté l’auditorium de la polyvalente et on a gardé l’argent pour se payer une limousine pour le bal des finissants, poursuit Daniel. Dans le fond, on a fait ça pour nos blondes…" "On est des romantiques!" conclut Francis.
OCCUPATION DOUBLE
Ravis de cette expérience, ils cherchent ensuite à entrer à l’École de l’humour. "Dans ce temps-là, ils n’acceptaient pas les duos, relate Francis. Alors on avait fait nos auditions chacun de notre bord… Ça n’a pas marché pantoute!" Quelques années plus tard, Daniel, désespérant à l’École des arts de Concordia, relance son compère. "Francis s’était parti une compagnie de stripage de chars et ça n’avait pas bien été", rappelle-t-il. "Je faisais aussi de la caricature dans les centres d’achats", réplique l’autre. Bref, ils décident alors de revenir à la charge en équipe et deviennent ainsi le premier duo admis par l’institution.
S’ensuit, après leur sortie, le temps des bars et autres événements glorieux, dont cette manière de bingo agricole sur fond d’excréments bovins que vous connaissez peut-être. "Le gars vient nous voir avant le spectacle et nous dit: "Si la vache chie, arrêtez votre show", se souvient Daniel. C’était drôle parce que, quand on jouait, le monde regardait la vache et, quand elle s’arrêtait, ils criaient: "Envoye Blanquette, envoye!""
C’est par ailleurs au cours de cette période que Ghislain Dufresne se joint à eux, avant de s’éloigner, trois ans plus tard, pour se consacrer à Crampe en masse. "Alors, on a décidé d’animer des soirées d’humour à Victo, raconte Daniel. On faisait un court métrage par semaine, pas de montage, direct sur la caméra, et on a montré les cinq meilleurs à la directrice de l’École de l’humour, qui sortait avec Guy A. Lepage. C’est le démo qui a coûté le moins cher de l’histoire de l’humour!" Ainsi commençait leur aventure télévisuelle de trois saisons à Radio-Canada, parallèlement à laquelle ils lancèrent également un CD de chansons comiques intitulé Victo Power.
RETOUR A LA SCENE
Puis, après un temps d’arrêt bien mérité… "Au début, on voulait seulement lancer notre DVD à Juste pour rire, remarque Francis. Finalement, on a commencé à écrire des sketches et on n’a même pas fait le lancement, juste un show." "Ça a été un super bon accueil, enchaîne Daniel. C’était vraiment hallucinant; il y avait une énergie très, très forte." De quoi leur donner envie de remonter sur les planches, donc, ce qui n’était cependant pas du goût de Simon-Olivier, plutôt désireux de se consacrer à la réalisation. "On avait une personne en tête et c’était Ghislain; je ne sais pas avec qui ça aurait pu fiter sinon", commente Daniel. "En fait, c’était Ghislain ou Paul Buissonneau", plaisante Francis. "Il était déçu, mais il ne savait pas jouer de la guitare, alors…" complète Daniel.
SHOW BUZZ
Des changements qui semblent du reste avoir reçu l’aval du public. "Même, ceux qui ne nous aimaient pas à la télé nous aiment sur scène", s’exclame Daniel, y allant de l’exemple de son voisin qui, après s’être fait prier pour assister au spectacle, lui confiait: "Je ne voulais pas trop y aller parce que je n’aimais pas ben, ben ça, votre émission, mais le show était super bon!" Voilà probablement pourquoi il a remporté deux Olivier. "À Victo, on a fait la première page de L’Union; ce n’est pas rien… Ma mère était fière!" exulte Daniel. "Après 17 ans, un peu de reconnaissance, ça fait du bien", continue Francis. "Parce qu’on est tellement à part de tout ce qui se fait", termine l’autre.
Du 4 au 14 juillet à 20 h 30
Au Chapiteau Bromont
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