Machine à poésie : Droit de cité
Scène

Machine à poésie : Droit de cité

Victor Hugo affirmait que "tout a droit de cité en poésie". Mais qu’en est-il des droits de la poésie d’aujourd’hui? Jonathan Boies lui fait prendre la rue pour qu’elle soit enfin portée vers le vrai monde.

Avec Jonathan Boies et Pierre-Luc Maltais, c’est la poésie qui fait le trottoir, cet été, s’offrant au plus écoutant. Elle trace enfin son propre chemin, celui qui ne mène qu’à elle-même. Avec leur Machine à poésie, un juke-box nouveau genre, ils investiront les espaces publics.

"C’est un prétexte à la discussion et à la sensibilisation à la poésie. Vraiment, tout est dans la simplicité. On est un peu costumés et on se promène à travers les gens, on discute avec eux… On essaie de voir dans quel état est la personne, ce qu’elle pourrait aimer entendre."

Si l’instinct des deux comparses ne suffit pas, les interpellés peuvent choisir grâce à la machine leur poème de prédilection parmi tous les titres disponibles, environ 80 en tout – et même plus, car si la machine a une limite, d’autres poèmes sont bien engrangés dans la tête des deux troubadours et pourraient aussi, au besoin, servir la cause de la poésie dans la rue.

Même si Jonathan est comédien, il ne s’agit pas (cette fois) de jouer la poésie: "C’est un projet qui vient de la passion. C’est l’amour de la poésie, l’amour de DIRE ces textes-là." Une mise en scène – ou peut-être une mise en récit – a été proposée par Josée Laporte, qui avait déjà dirigé Boies lors de la production du texte Les Mains bleues, en février 2006. "Avec Josée, on ne se trompe pas. Elle est tellement merveilleuse! (…) Donc, pour chaque texte, il y a une mise en scène. On a des textes où on fait des duos, on va chercher des canons, des exercices vocaux…"

Les vers proposés sont séparés en sections qui permettront aux badauds de se laisser tenter: l’amour, l’engagement, l’humour, le désespoir, même des contes et poèmes pour enfants… "On ne va pas chercher des textes de poèmes écrits pour enfants nécessairement à la base, c’est plus des histoires qui sont racontées. Il y a des fables de La Fontaine, Henri Michaud, Prévert rentre là-dedans aussi… C’est plus de la poésie qui est simple et douce, quelque chose de narratif qui peut très bien se raconter pour des jeunes."

Pour l’instant, les textes dont l’intitulé s’est retrouvé dans la Machine à poésie sont surtout des classiques – François Villon, Lamartine, Baudelaire, mais aussi de grands Québécois: Gauvreau, Godin, Vigneault et compagnie. Et de plus en plus, Boies aimerait donner de la place aux poètes de la région, leur offrir enfin une voix parmi le vrai monde, un droit de cité.

La poésie n’a pas souvent la cote dans la population, perçue comme distante et froide, voire ennuyante… Comment contourner cet obstacle? Boies avoue que le projet est parfois un peu angoissant. "L’idée elle-même, quand j’en parle aux gens, ils la trouvent fantastique. Mais je ne suis pas encore certain du résultat que ça donne dans la rue. On l’a fait quelques fois, ça a toujours bien marché, mais il y a demeure cette angoisse-là: est-ce qu’on est dans notre bulle? Est-ce que le monde écoute vraiment ce qu’on dit?" Pourtant, la passion laisse croire que la route sera longue pour la Machine à poésie. "D’ici deux ou trois ans, si on réussit à avoir un support médiatique, on pense peut-être faire un trajet Chicoutimi-Montréal à pied, dans un été, avec la machine sur le dos, en passant par les petits villages. Ce serait pour dénoncer cette difficulté de liaison entre Montréal et les régions."

Le 29 juin
Dans le cadre des Sorties de la rue Racine

Le 30 juin et le 1er juillet
Dans la Zone portuaire

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