Stéphane Bélanger : Le tailleur
Scène

Stéphane Bélanger : Le tailleur

Stéphane Bélanger taillera des crayons pour les prochains mois. Un job d’été? Pas vraiment, il incarne plutôt un fonctionnaire dans Le Journal d’un fou au Studio Théâtre.

Stéphane Bélanger se sent beaucoup d’affinités avec les auteurs russes à l’origine du théâtre moderne et réaliste. Ce n’est donc pas un hasard si, après Le Chant du cygne de Tchekhov, il s’attaque au texte de Gogol Le Journal d’un fou. "Cette nouvelle-là est beaucoup jouée en Europe. Mais, au Québec, on n’en entend à peu près pas parler. C’est pour ça que j’ai eu envie de la faire", explique-t-il.

Dans cette pièce, le comédien et metteur en scène incarne un fonctionnaire qui, parce que sa tâche quotidienne se révèle des plus ridicules, s’invente une vie pour se donner un sens. "Oui, il a un job plate. C’est absurde: il taille des crayons au ministère! C’est ça qui m’a accroché. Je trouvais ça rigolo. Et à un moment donné, il devient complètement paranoïaque, schizophrène… Il espionne les chiens. Il est persuadé que les chiens parlent, que la terre va s’asseoir sur la lune. Mais, si on transpose aux crayons plein d’autres affaires, des jobs aussi absurdes que ça, on en a beaucoup", réfléchit-il. Malgré la trame qui inspire le rire, Le Journal d’un fou ne fait pas dans la légèreté. Il sonde plutôt les abysses de l’âme humaine. Stéphane Bélanger le confirme: "La première fois que j’ai fait un enchaînement, j’ai dû prendre deux jours de pause. Ce texte-là m’a surpris. Quand tu travailles la folie, tu ne peux pas être en contrôle." D’ailleurs, est-ce en partie à cause de son ton que l’oeuvre est peu jouée au Québec? "On n’est pas rendus là", répond-il. "On a un théâtre qui est très commercial ici. Je pense qu’on a un théâtre qui s’adresse avant tout au portefeuille des gens; on veut qu’ils viennent, on veut faire quelque chose qui va leur plaire automatiquement. Tandis qu’en Europe, ils se permettent un peu plus de risques et ils sont peut-être un peu plus curieux."

Encore une fois, Stéphane Bélanger monte seul sur scène. On peut s’interroger sur les raisons qui motivent ce choix. "C’est parce que je n’ai pas d’amis! Je dis ça à la blague, mais c’est une aventure que la gang du théâtre trifluvien ne tente pas encore. Et c’est correct. (…) Je compare ça (le Studio Théâtre) à un club vidéo. Elle, c’est la place où il y a plein de cassettes. Et moi, je suis la cassette poussiéreuse en bas: "Ah, on avait ça dans le club! C’est intéressant!"" Le comédien invoque aussi son désir constant de créer, de pousser plus loin les limites. Et avec Le Journal d’un fou, ce besoin est comblé. Aidé de sa conjointe Geneviève Lafleur, il a imaginé une mise en scène qui exploite les nouvelles technologies et le punch visuel de… 9000 crayons de plomb!

Tous les vendredis et samedis
Du 29 juin au 29 septembre
Au Studio Théâtre
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