Vincent-Guillaume Otis : Justicier masqué
Scène

Vincent-Guillaume Otis : Justicier masqué

Vincent-Guillaume Otis met en scène Zorro, le 55e spectacle du Théâtre La Roulotte.

Formée de jeunes acteurs diplômés de l’École nationale de théâtre et du Conservatoire d’art dramatique de Montréal, la troupe de La Roulotte est dirigée, cette année, par Vincent-Guillaume Otis. Parce qu’il a une passion non dissimulée pour les super-héros et parce qu’il connaît bien les joies de la compagnie (il était de la distribution de Capitaine Fracasse en 2003), le jeune comédien était la personne toute désignée pour mettre en scène Zorro, la production pleine de rebondissements et d’aventures présentée, tout l’été, dans les parcs de la ville.

Depuis quelques années, Vincent-Guillaume Otis lorgne de plus en plus souvent du côté de la mise en scène. "Je suis entré à l’École nationale en ayant ça en tête. Je voulais devenir acteur, mais aussi apprendre comment l’acteur fonctionne, connaître ses limites, pour être capable de travailler avec lui. J’aime beaucoup les acteurs, je les admire, j’aime travailler avec cette matière humaine et émotive. Pour moi, le jeu et la mise en scène vont de pair. Quelque part, aussi, j’aime diriger une équipe. Je ne suis pas un dictateur, mais j’aime être à la tête d’un groupe, organiser les affaires."

UN HÉROS MODERNE

Inspirée du Fléau de Capistrano, un roman de l’États-Unien Johnston McCulley, paru en 1919, la pièce de Jean-Stéphane Roy (montée initialement à La Roulotte en 1997) transporte petits et grands dans la Californie du début du 19e siècle. Sur ce territoire picaresque, ils feront la connaissance de Don Diego de la Vega, un riche aristocrate timide qui, pour combattre l’injustice, devient Zorro (Vincent Fafard), un héros maniant l’épée avec superbe. Aidé par son valet Bernardo (Bruno Paradis), Zorro se porte à la défense de son peuple et libère la Californie du méchant gouverneur, El Capitan Monasterio (Guillaume Cyr). Chemin faisant, il ne manque pas de courtiser la belle Isabella (Marie-Evelyne Baribeau).

Pour le metteur en scène, il est clair que bien avant Spiderman, Batman ou Superman, il y avait Zorro. "Le mythe littéraire et cinématographique de Zorro balaie presque un siècle d’histoire. C’est un véritable archétype. De l’aveu même des gens de DC Comics et Marvel Comics, c’est lui qui a inspiré tous les héros masqués, ceux qui ont une personnalité le jour et une autre la nuit. Zorro est en quelques sorte le père des super-héros et, carrément, celui de Batman!"

Au caractère épique du récit, Vincent-Guillaume Otis superpose une lecture sociopolitique des événements. "L’histoire de Zorro se déroule plus ou moins en 1805, ce qui correspond à l’avènement des pensées libérales. Quelques années avant, il y a la Déclaration d’indépendance américaine, la Révolution française et, quelques années après, l’Acte d’indépendance mexicaine. Donc, jusqu’à un certain point, Zorro représente cette montée de la pensée libre, il est une métaphore du soulèvement. Il faut aussi dire, mais là je sais que je pousse un peu loin, que McCulley a écrit son roman en 1919, c’est-à-dire deux ans après la révolution prolétarienne de Lénine. Disons que c’est dans l’air du temps. Chose certaine, Zorro est un héros tout à fait moderne." ville.montreal.qc.ca/laroulotte.

Jusqu’au 16 août
Dans 34 parcs de la Ville de Montréal
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C.V.

Pour assouvir sa passion de la mise en scène, le comédien Vincent-Guillaume Otis a fondé Picouille Théâtre, une compagnie dont le mandat est d’adapter les classiques de la littérature et de la dramaturgie pour le jeune public. "De mon point de vue, il s’agit presque d’un acte politique. C’est ma manière à moi de m’engager comme citoyen et de former le citoyen de demain." En ce moment, l’équipe de Picouille Théâtre travaille à une deuxième création, une adaptation de L’Odyssée, d’Homère, par Fanny Britt, dont Otis signera la mise en scène. La première devrait avoir lieu à l’automne 2008. "Ça fait trois ans que j’ai ce spectacle en tête. Au dernier Festival du Jamais Lu, où nous avons présenté une lecture, les spectateurs ont adoré. Autant les enfants que les gens du milieu. Je suis très heureux que ça ait les résonances que j’espérais." (C.S.-P.)