Eclyps : Poussières de lune
Scène

Eclyps : Poussières de lune

Eclyps, avec ses créatures lunaires, animera les nuits de Shawinigan dès le 10 juillet. Rencontre des plus mouvementées avec l’auteur Bryan Perro et le metteur en scène Martin Larocque.

En un éclair, le bleu du ciel a tourné au gris. Une horde d’épais nuages noirs accompagnés de vents violents a mis le cap en direction de la Cité de l’énergie. Les décors d’Eclyps, nouvelle production nocturne dont la première est prévue le 10 juillet, semblent manipulés par des fantômes. L’équipe technique s’affole. Une employée s’époumone: "Appuie sur le bouton Panique!" Au coeur de la tempête, seul Bryan Perro demeure calme. L’auteur du spectacle en a vu d’autres – il a joué pendant cinq ans dans Kosmogonia, sur cette même scène. "Tiens-toi après ton siège, le spectacle commence!" lance-t-il en riant. "Ce plateau-là, c’est un monstre. Tu ne sais jamais ce qu’il te réserve: il va te faire geler, il t’envoie de la mouche, il te fait crever durant la journée et, le soir, tout va bien et, à un moment donné, le vent se lève et tout manque d’arracher. C’est un monstre!"

Dans cette ambiance orageuse, on effectue la tournée du plateau. Tout en pointant les principaux éléments de décor, le père d’Amos Daragon raconte la trame narrative d’Eclyps. Cette fois, il a imaginé les Sélénites, un peuple qui vit sur la lune. "Ces créatures-là vont entreprendre leur premier programme spatial pour venir sur la terre, et ce, pour une seule raison: rencontrer un jeune garçon, le dernier humain qui croit qu’il y a des êtres qui vivent sur la lune. Ils descendent pour lui dire de continuer, car c’est parce qu’il croit en eux qu’ils existent. Sinon, ça sera leur éclipse, leur disparition."

Perro a bâti le récit à la manière d’un flash-back. On plonge dans les souvenirs d’un vieil homme un peu confus (Jean Laprise), qui nous raconte ce jour de 1953 où, à Shawinigan, il est tombé nez à nez avec une soucoupe volante. "C’est comme s’il s’ouvrait la tête pour qu’on entre dedans… Et apparemment, c’est vrai cette histoire-là!" s’exclame l’écrivain, qui s’est largement inspiré des films de science-fiction de série B. D’ailleurs, il ne le nie pas, il s’est payé tout un trip avec ce show qui flirte avec l’humour. Il a entre autres imaginé un peuple dont les raisonnements défient toute logique et une princesse (Renée Houle) "qui ressemble à un gros gâteau rose". "J’ai voulu que ça soit familial, qu’un jeune de sept ans puisse triper là-dessus et que ses parents puissent voir autre chose. Je me suis basé sur quelque chose que j’aime beaucoup, moi, c’est-à-dire la science-fiction des années 50. Tu sais, les premiers Star Trek, la série V… Ce sont ces patentes-là qui sont un peu drôles, ridicules et sympathiques qui m’inspirent. Ce n’est pas le côté sérieux de la chose."

AMOS?

Lorsqu’on est en compagnie de Bryan Perro, le fantôme d’Amos Daragon ne se trouve jamais bien loin. Au fait, comment pense-t-il que les fans de son héros mythologique vont recevoir Eclyps? "Ça demeure un autre univers fantastique. L’humour que j’ai un peu dans les livres, je l’ai là-dedans aussi. Je ne pense pas qu’ils soient déstabilisés", estime-t-il.

L’HEURE DE L’ECLIPSE

Le spectacle présenté tout l’été aura été réécrit six fois. C’est avec l’aide du metteur en scène Martin Larocque (Virginie) que la version finale a été définie – pendant les deux semaines qui suivront la première, d’autres ajustements seront cependant effectués. "On a fait le travail en collégialité. Et je pense qu’on arrive à un spectacle qui est plus fort dans l’écriture parce qu’on a eu cet échange-là avant, parce qu’on savait tous les deux où l’on s’en allait", souligne Perro. "Moi, je viens du théâtre; Martin vient du théâtre. Les deux, ce qui est important pour nous, c’est d’abord de monter une histoire que le cirque et tout ce qui est autour servent à appuyer. Ça, c’est important de raconter une histoire d’abord, et ensuite de l’envelopper d’une manière grandiose." Rencontré un peu plus tard dans le garage (les loges!), Martin Larocque abonde dans le même sens. "Ce show-là, ce n’est pas un bonbon, c’est une friandise, mais une vraie friandise. Si tu es diabétique, tu n’aimeras pas ça. Il faut aimer cette couleur-là. Il faut aimer cette folie-là. Il faut aimer les shows avec des pétards, avec des danseurs, des acrobates qui font des acrobaties simples et compliquées. C’est juste l’idée de se faire raconter une histoire. Au fait, c’est quand la dernière fois que vous vous êtes fait raconter une histoire?"

Du 10 juillet au 25 août
À la Cité de l’énergie
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