Pierre Richard : Tel père, tel fils
Scène

Pierre Richard : Tel père, tel fils

Pierre Richard s’apprêtait à écrire un nouveau solo lorsque Pierre Palmade lui a fait une proposition impossible à refuser: incarner son père dans Pierre & Fils.

En 1991, Pierre Richard incarnait le père de Pierre Palmade dans On peut toujours rêver, un long métrage qu’il avait lui-même réalisé. Entre les deux monstres sacrés de l’humour français, la complicité est si évidente qu’on se demande pourquoi ils ont mis tant de temps avant de retravailler ensemble. Selon les critiques de l’Hexagone, Pierre Palmade est ni plus ni moins le fils spirituel de Pierre Richard. Ce dernier, qui fêtera ses 73 ans le 16 août prochain, explique: "C’est ce que la presse se plaît à dire, et c’est vrai dans un sens, sauf que Pierre est surtout un homme de mots, alors que moi, je suis physique. Mes films m’ont toujours placé dans des situations burlesques ou poétiques, sans accorder la première place aux textes, alors que Pierre est un homme de textes."

C’est Palmade qui a eu l’idée d’écrire Pierre & Fils, spectacle créé à Paris en septembre 2006 et présenté cet été sous la bannière du Festival Juste pour rire. Quand Pierre Richard a présenté Palmade à Christophe Duthuron, coauteur et metteur en scène de la pièce, la chimie a tout de suite opéré: "J’écrivais mon nouveau solo avec Christophe, alors j’ai eu l’idée de les présenter. En l’espace d’un repas, Pierre et Christophe se sont mis d’accord sur ce qu’ils voulaient faire, et un mois plus tard, ils avaient écrit Pierre & Fils. Ils ont énormément d’esprit. Leurs dialogues sont explosifs, drôles et savoureux à jouer."

DU CINEMA SUR SCENE

Dès la première lecture, le comédien a eu le sentiment qu’il prendrait un grand plaisir à incarner son personnage, un homme instable et sans gêne ayant abandonné femme et enfant pour explorer le monde. Quand le spectacle commence, ce père indigne débarque dans la vie de son fils de 38 ans, plus précisément dans le supermarché qu’il dirige. Bien sûr, Pierre & Fils est une comédie sur la relation père-fils, mais il semble que d’autres thèmes soient également abordés: "On sent très bien que ce père disparu depuis la naissance de son fils revient parce qu’il a un peu faim et qu’il ne sait pas où dormir. Il ne ressent ni culpabilité ni tendresse. C’est un profiteur, un monarchiste qui prétend avoir fait le tour du monde, alors que son fils est tout l’opposé. C’est un petit-bourgeois, marié, qui porte un costume-cravate. Leurs caractères sont totalement opposés. Ils ne sont jamais du même avis mais, petit à petit, et c’est ce qui est amusant, de l’affection naît entre eux."

Dans la droite lignée d’Ils s’aiment et Ils se sont aimés, deux spectacles mettant en scène Pierre Palmade et Michèle Laroque, Pierre & Fils n’est pas un spectacle d’humour traditionnel ni une pièce de théâtre, mais plutôt une suite de saynètes. Selon Pierre Richard, ça s’apparente à du cinéma sur scène: "Christophe Duthuron a eu l’idée de remplacer les habituels décors de théâtre par des projections sur écran. Par exemple, si Pierre et moi nous trouvons à la pêche dans une barque, la projection sur écran représente l’eau." Quatre autres personnages sont évoqués dans la pièce: "Ce sont des individus qui existent dans la vie des personnages mais qui n’existent pas sur scène. Durant les répétitions, ça me troublait un peu de jouer avec des personnages fictifs, mais maintenant je trouve ça amusant. C’est d’ailleurs un principe que Pierre utilise souvent dans ses spectacles."

Pierre Richard semble séduit par le mélange d’humour et d’émotion qu’offre le spectacle, une particularité qui touche aussi le public: "La pièce est très intéressante à jouer et je crois que le public aime bien. On l’entend beaucoup rire, mais à la fin du spectacle, lorsqu’ils viennent nous voir, les gens nous disent qu’ils ont été très émus. C’est ce petit supplément d’âme que j’apprécie particulièrement."

Du 19 au 23 juillet
Au Théâtre Olympia

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C.V.

Dans les années 60, au lieu de faire carrière dans les affaires, comme son père, Pierre Richard suit des cours d’art dramatique. C’est au cabaret qu’il développe son personnage d’hurluberlu maladroit, timide et distrait. Le comédien connaît le succès dans la comédie Le Distrait (1970), qu’il écrit, interprète et réalise, mais c’est Le Grand Blond avec une chaussure noire qui l’impose, en 1972. Grâce à des films comme Je suis timide mais je me soigne (1978), C’est pas moi, c’est lui (1980), La Chèvre (1981) et Les Fugitifs (1986), Pierre Richard est l’un des piliers de la comédie française des années 70 et 80. Après des années 90 tranquilles, le comédien effectue un retour sur scène remarqué en 2004 dans Détournement de mémoire. En août prochain, il entreprendra le tournage de Faubourg 36, un drame réalisé par Christophe Barratier (Les Choristes).