Francesca Gosselin : C’est le Pérou
Francesca Gosselin signe la traduction et la mise en scène de Bruit, une pièce de la Péruvienne Mariana de Althaus.
"Ce que j’ai fait avec Bruit, c’est un peu comme monter Elvis Gratton en espagnol." Par ces paroles intrigantes, Francesca Gosselin souligne la dimension locale et folklorique de la pièce qu’elle a traduite, puis montée avec sa troupe, le Théâtre Tress. Encore toute nouvelle, la compagnie a été baptisée en 2007 lors d’une lecture de Trois histoires de mer, une autre pièce de Mariana de Althaus, une dramaturge née à Lima en 1974.
En créant Bruit, la metteure en scène répond à son envie de parler politique au théâtre, elle fait preuve d’audace, mais surtout, elle s’offre un cadeau. Née d’une mère péruvienne et d’un père québécois, Francesca Gosselin a grandi dans la Belle Province. Elle est d’abord passée par l’École supérieure de théâtre de l’UQAM, avant d’évoluer dans les sphères de la mise en scène et du jeu, notamment à titre de comédienne dans le court-métrage Indoor, présenté au festival Fantasia en 2003. C’est en voulant renouer avec ses racines et faire connaître le Pérou qu’elle a décidé de prendre contact avec le pendant péruvien du Centre des auteurs dramatiques. "Je voulais découvrir les créations d’une femme de mon âge, me retrouver dans son regard, ressentir ce que j’aurais pu vivre, moi aussi, si j’avais passé ma vie là-bas."
La rencontre avec l’oeuvre de Mariana de Althaus, dans la trentaine tout comme elle, va donner lieu à un petit coup de foudre: trois traductions, des lectures publiques et, enfin, une véritable mise en scène. Dans Bruit, de Althaus dépeint le Pérou des années 80. Se déroulant dans un pays gouverné par Alan Garcia, en pleine crise économique et terrorisé par le Sentier lumineux, un mouvement violent d’inspiration maoïste, la pièce aurait pu verser dans le larmoyant. Pour mieux exprimer l’horreur de la situation, l’auteure a plutôt choisi de jouer la carte de l’absurde. Un soir, Augusta et ses deux enfants, Augustin et Augustina, sont dérangés par leur voisine, venue leur demander d’arrêter le système d’alarme. Lorsque celle-ci retourne finalement chez elle, c’est pour trouver une maison vide et une porte verrouillée, son mari s’étant enfui. Puisqu’il est impossible de rester dehors, à cause du couvre-feu, elle retourne chez Augusta. La pièce se transforme alors en un huis clos où quatre individus abordent la peur, le désespoir et la fuite.
Malgré les différences évidentes entre les deux pays, la traduction de Francesca Gosselin n’a pratiquement pas nécessité d’adaptation. Est-ce que le Québec et le Pérou seraient culturellement semblables? C’est ce qu’estime la créatrice. "Mariana a essayé de me dissuader de monter sa pièce au Québec parce qu’elle parle d’un événement spécifique, plutôt loin d’ici. Mais j’ai quand même osé! De toute façon, il ne s’agit pas seulement de raconter un événement précis. Dans Bruit, on parle de l’humain, et ça, c’est universel."
Jusqu’au 28 juillet
À La Risée
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