Ginette Guay : Se tenir au chaud
Ginette Guay nous invite, avec Une petite laine, à oublier momentanément juillet et à entrer chez les Gauthier, pour rire et réfléchir.
Troisième volet d’une trilogie de Michel Duchesne, Une petite laine, après Tricoté serré et Une maille à l’envers, raconte un moment marquant de la vie d’une famille de Charlevoix. Présentée au coeur de l’été, la pièce se déroule en hiver, avec son assortiment de couvertures, bas de laine, bon vin, bonne bouffe. Avec aussi ses moments de proximité, de réflexion, d’autant plus que chez les Gauthier, on vit un deuil: Pierre-Paul est mort, deux semaines plus tôt. Autour de sa veuve se réunissent la soeur du défunt, sa belle-soeur, son frère, son fils, s’apprêtant à célébrer, selon ses dernières volontés, son souvenir.
"L’atmosphère de la maison est très feutrée, révèle Ginette Guay. Il y a des scènes où on est sur le divan, enveloppé dans une couverte; on a un poêle à bois; on fait la cuisine: ça va même sentir le gâteau dans la salle. C’est très enveloppant. L’hiver, pour moi, c’est la saison de l’introspection: on peut revenir à nous-mêmes un petit peu. Dans cette pièce-là, c’est comme ça. Il fait froid dehors, et on se ramasse en dedans. Ça donne des occasions d’être plus près les uns des autres, de discuter. Et même si les personnages sont en deuil, la pièce est une véritable célébration de la vie, entre autres à travers les souvenirs du défunt: c’était un bon vivant."
Scènes légères et moments sérieux cohabitent, alors que sont abordés des thèmes variés: la mort, la naissance, les relations familiales, l’infidélité, l’homosexualité féminine. "J’appellerais ça une pièce sur les grands thèmes de la vie; je suis sûre que ça va rejoindre les gens. Michel Duchesne est un humaniste, je trouve; son texte est très fin, très bien écrit, dans un langage très imagé, mais qui peut aussi être très cru. Ça va faire, d’après moi, un spectacle touchant, bouleversant, et en même temps très drôle."
Avec Une petite laine, dont ce sera la création, Ginette Guay retrouve le personnage de Pierrette, qu’elle avait jouée dans les deux premières pièces de la trilogie. "Pierrette est la soeur du défunt. Elle est homosexuelle et elle commence à l’affirmer, alors qu’elle vient de tomber amoureuse. Dans les deux autres pièces, il y avait des allusions. Mais dans celle-là, c’est clair, et c’est tellement bien abordé. C’est l’fun parce que l’homosexualité féminine est rarement représentée au théâtre; et ici, c’est fait de façon très intéressante. Ça peut rien que provoquer de l’ouverture d’esprit. Mon personnage a beaucoup d’autodérision, et elle va dans toutes sortes de directions. J’aime bien toucher à toutes ces variantes d’émotions: ça me permet comme comédienne de vivre et de faire des choses que j’ai pas souvent l’occasion de faire."
Même s’il s’agit du troisième volet d’une trilogie, chaque pièce est indépendante. "C’est simplement que ce sont les mêmes personnages, qui continuent leur vie. Cette pièce-là est la dernière: chacun a trouvé sa route, et va maintenant la suivre."
Aux côtés de Ginette Guay, Denise Dubois et Nancy Bernier, également interprètes des deux autres pièces de la trilogie, ainsi que Lucien Ratio, Jean-Sébastien Ouellette et Jean-Jacqui Boutet, qui signe également la mise en scène; à la conception des costumes, Julie Morel.
Jusqu’au 18 août
À L’Impérial de Québec
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