Jocelyn Bérubé : Nil était une fois
Jocelyn Bérubé, qui roule sa bosse depuis plus de 30 ans comme conteur et violoneux, vient de rééditer sur CD ses deux 33 tours parus en 1976 et 1980. Retour aux sources de Nil.
C’t’une fois Jocelyn Bérubé, un conteur violoneux qui donnait des spectacles avec un guitariste, Louis Baillargeon. Un jour, un de ses amis lui propose d’enregistrer un disque. Mais lui trouve qu’il n’a pas assez de matériel. Alors, l’autre, gérant du groupe Octobre, a l’idée de demander à ses musiciens de se mettre de la partie. Et Pierre Flynn, qui était du nombre, va même jusqu’à réaliser l’album. "C’est comme ça que j’ai fait Nil en ville, Nil venant du nom du village où je suis né, Saint-Nil, qui a disparu, explique-t-il. J’ai écrit une espèce de texte de protestation et j’ai ajouté des morceaux et un conte, L’Oiseau couleur du temps. Les gens qui voulaient lire entre les lignes voyaient bien que c’était un peu contre les Américains. À l’époque, on contestait la guerre au Vietnam et l’Amérique qui envahissait le monde." Après quoi, il remet ça avec La Bonne Aventure, un 33 tours qui se retrouve lui aussi sur le CD Le Retour de Nil. "Au début, je n’étais pas trop sûr si ça valait la peine de les rééditer, si c’était encore intéressant, se souvient-il. Et, finalement, je me suis rendu compte que c’était une bonne chose, au moins pour les conserver." Cela dit, il constate également, et presque à regret, que ses propos demeurent toujours actuels. "Des Nil, des gens qui n’ont plus rien, qui ont perdu leur terre, leurs repères, ça existe encore; il y en a même plus qu’avant", se désole-t-il. Même chose en ce qui a trait aux États-Unis, qui se battent maintenant en Irak.
Pour ce qui est de son style, disons que l’artiste aime bien déjouer les conventions. "C’est-tu du folklore? Non. Ce n’est pas du rock non plus. Ni de la chanson, ni de la poésie… observe-t-il. Je peux raconter de vieux contes mais, en même temps, j’en compose et, des fois, je mélange avec de la musique. Alors ça fait un mix un peu spécial. Mais bon, je me dis qu’il faut essayer des affaires, explorer. Si ça marche, ça marche, sinon, ce n’est pas plus grave que ça. C’est un art, et l’art, c’est en mouvement; un art qui est figé, il meurt." Et la musique dans tout ça? "Moi, je suis un violoneux, pas un violoniste. Je joue pour tripper, avoir du fun; je n’avais pas plus d’ambition que ça là-dedans. Mais là, les musiciens m’ont obligé à être à la hauteur; c’étaient tous des tops, eux autres. J’étais vraiment gâté, se rappelle-t-il. Ça reste proche du traditionnel, mais il y a toutes sortes de styles dépendamment des morceaux." Bref, un melting-pot pas piqué des vers qu’il était grand temps de sortir des boules à mites.
Le Retour de Nil
(Disques Tempête – DEP)
Disponible dès maintenant