Karine Ledoyen : Osée!
Scène

Karine Ledoyen : Osée!

Karine Ledoyen a la tête qui pétille et une détermination d’acier. Pour cette sixième édition de la rencontre de danse contemporaine Osez!, la chorégraphe innove encore en présentant pas moins de cinq moments uniques dansés sur les quais de la province.

Karine Ledoyen a la chorégraphie dans la peau. "Avant même de savoir que ce métier existait, j’inventais des chorégraphies avec mes amis sur des tounes de Madonna ou de Michael Jackson", confie-t-elle. Dès qu’elle a appris l’existence de l’École de danse de Québec, elle a tout de suite su que s’y trouvait sa voie, et ce, même si elle a failli être mise dehors à deux reprises. Mais elle a persévéré. "C’est clair que je devais être chorégraphe, j’ai trop d’idées!"

Pour ceux qui n’ont pas encore été mis en contact avec l’effervescence contagieuse d’Osez!, sachez qu’il s’agit d’une rencontre orchestrée par la jeune femme depuis 2002 entre un chorégraphe, des danseurs et un public. Le tout se produit à la brunante, dans le décor enchanteur du quai de Saint-Jean-Port-Joli, petit village natal de Karine Ledoyen situé dans la région du Bas-du-Fleuve. Le concept est simple, mais il fallait y penser: demander à un chorégraphe de créer, en l’espace de cinq jours, un morceau qui sera dansé à chaque fin de journée, espèce de work in progress dont le spectateur peut suivre l’évolution crépuscule après crépuscule.

Cette année, ce n’est pas un, mais cinq quais qui seront investis par autant de chorégraphes différents ainsi que par 23 danseurs et 5 musiciens invités pour composer live sur les créations proposées. De Québec jusqu’à Baie-Saint-Paul, en passant par Saint-Jean-Port-Joli, Rimouski et Montréal, Osez! fera résonner ses pas de danse à travers la province. "Le but d’Osez!, c’est la rencontre, entre les danseurs et les chorégraphes, mais aussi entre la danse et le public. J’encourage les gens à venir chaque soir, parce que ça évolue. Le public peut vraiment voir comment s’organise une chorégraphie, étape par étape. Et puis c’est l’été, c’est gratuit et c’est une très belle façon de s’initier à la danse", raconte Karine Ledoyen.

"Quand tu te promènes au Québec, c’est tellement beau, les quais le long du fleuve. Quand Osez! débarque, ça met de la vie dans le village, ça met du pétillant dans la vie des gens, et je suis là pour ça!" poursuit-elle en riant. Le symbole du quai est aussi fortement inspirant pour la chorégraphe: "Cet été, j’ai fait le tour de la Gaspésie et dès que je voyais un quai, je m’arrêtais. Je trouve que c’est un lieu de rassemblement naturel. Ce qui me plaît, c’est l’horizon. C’est tellement apaisant de pouvoir mettre ton oeil dans un horizon qui n’a pas de fin, de voir l’immensité de la planète. Je me demandais souvent, dans mon travail, comment donner une perception d’horizon infini. Dans une boîte noire, c’est très difficile."

APRES QUEBEC, LE MONDE

Aux dernières nouvelles, Osez! fait relâche en 2008. L’heure du repos a-t-elle sonné? Ce serait mal connaître Karine Ledoyen que de penser ainsi. L’énergique bout de femme travaille sur une multitude de projets en même temps. La chorégraphe dit être occupée, à ce jour, jusqu’en septembre 2010. Parmi ses projets en train, le voyage du concept d’Osez! au pays de Galles en septembre 2008. "Le concept va être déplacé là-bas et le développement du projet va s’étaler sur cinq ans. Je vais d’abord y aller pour instaurer le projet une première année, puis je le passerai ensuite à un chorégraphe, et ainsi de suite…"

Après les quais de Québec, les quais du monde? Le projet se prête sans aucun doute à ce type d’itinérance. "C’est quand même difficile de déplacer des pièces ou des concepts en Europe parce que c’est cher et que techniquement, il y a beaucoup de logistique. Mais un projet comme Osez!, qui est simple dans sa forme – tout en restant complexe dans son idéologie -, c’est facile à déplacer. Et ça risque de devenir riche pour les rencontres artistiques. J’aimerais que le concept puisse faire une petite toile d’araignée et qu’on le déplace dans des endroits stratégiques pour que ça devienne un pôle d’échange pour de jeunes danseurs québécois et des chorégraphes."

Parmi ses autres projets à venir, une nouvelle création, Cibler, qui sera présentée au Nouveau Studio, sur la rue du Roi, en avril 2008. La prémisse s’inspire des trois soeurs Parques qui, dans la mythologie grecque, étaient les divinités maîtresses du sort des hommes. L’hiver prochain, elle présentera à Montréal Pop Rock avec moi!, un concept où elle fera danser huit interprètes sur cinq pièces d’artistes qui joueront live, dont Jérôme Minière. "Je suis toujours curieuse de ce que peut donner la rencontre avec d’autres arts, comment on peut ainsi rejoindre d’autres genres de monde. Mais jamais je ne ferai de concessions artistiques… Ce sera de la danse contemporaine, pas du yé-yé!"

Osez! 2007
sur les quais…
de Québec: du 25 au 29 juillet
de Baie-Saint-Paul: du 1er au 5 août
de Saint-Jean-Port-Joli: du 15 au 19 août
de Rimouski: du 22 au 26 août
du Vieux-Montréal: du 13 au 16 septembre
Info: www.osezdanse.com